Il faut découvrir ou redécouvrir The Clock installation vidéo de 2010 concoctée par Christian Marclay, plasticien et musicien américain, récemment présentée à la fondation LUMA d’Arles. Il s’agit d’un montage cinématographique étourdissant, d’une durée de 24 heures, réunissant des centaines d’extraits de films représentant soixante-dix années de l’histoire du cinéma. à un moment ou à un autre dans l’un de ces extraits apparaît une pendule, une horloge, un réveil.

Et l’heure avance, inexorablement. Magnifique subtilité, quel que soit le moment où vous pénétrez dans la salle, regardez votre montre ou votre téléphone pour vous apercevoir que vous êtes très exactement à l’heure qui apparaît à l’écran. Troublant ensemble de séquences en noir et blanc, en couleurs, muettes ou sonores, en concordance thématique ou sans rapport entre elles mais indissociablement rattachées par ce marqueur temporel inexorable. Christian Marclay a visionné des milliers d’extraits pour réaliser cette œuvre, démarche compulsive, fascinante. En 2011, il se verra décerner le Lion d’or du meilleur artiste pour The Clock à l’occasion de la 54ème biennale de Venise. Le résultat est enivrant. Le temps en mouvement, élément fondateur du cinématographe est mis en avant, mis en scène. Les situations, les personnages s’entrechoquent dans une réjouissante présentation d’espaces tellement divers mais répondant à cette injonction ultime qu’est la marche du temps. Si vous croisez la route de The Clock, l’œuvre sillonne les musées d’art moderne du monde entier depuis une dizaine d’années, ne vous précipitez pas de peur de manquer le début, rassurez-vous, vous serez toujours à l’heure.

Philippe Lafleure

Cinéfil n°64 - décembre 2021