Le 12 décembre dernier, lors de la soirée de la Cinémathèque qui leur est annuellement ouverte, les élèves de l’option Cinéma Audiovisuel du Lycée Balzac présentaient La Leçon de piano de Jane Campion, fruit du travail de recherche et d’analyse réalisé depuis la rentrée. Dans un entretien qu’il nous avait accordé (Cinéfil n°64 – décembre 2021), l’un des professeurs de la spécialité estimait, sans s’appuyer sur des statistiques précises, qu’une moitié des élèves qui avaient suivi l’option poursuivaient des études en rapport avec le cinéma. Témoignage de Louise, l’une d’entre eux, quatre ans après son bac.

Le lycée

À la fin du collège, j’avais deux certitudes concernant la suite de ma scolarité : je n’avais aucune envie d’intégrer mon lycée de secteur et je souhaitais choisir une option, idéalement artistique, qui m’intéresserait davantage que les matières générales. J’ai donc fait une demande au lycée Balzac au sein duquel j’ai suivi l’option Cinéma Audiovisuel dès la seconde et jusqu’en terminale. À l’époque, l’accès à cette option était sélectif et les lycéens qui s’y trouvaient étaient a priori portés par les mêmes motivations, ce qui créait d’emblée un certain dynamisme de groupe entretenu par le contenu même de l’enseignement. Le travail collectif était non seulement nécessaire mais encouragé. La diversité des cours, mêlant théorie et pratique, m’a beaucoup plu. J’ai particulièrement apprécié le travail que nous avons fait pour réaliser les courts-métrages présentés en fin d’année, parce qu’il permettait d’explorer de manière concrète toutes les étapes de la réalisation d’un film et aussi de bénéficier de l’accompagnement d’un professionnel.

La faculté

Après le bac, je me suis inscrite en licence de cinéma à l’Université du Mirail, à Toulouse. L’enseignement ne m’a pas passionnée. C’était trop généraliste et j’avais l’impression de ne pas apprendre grand-chose de nouveau par rapport au lycée, de revenir toujours sur les mêmes films et les mêmes réalisateurs. Malgré quelques exceptions, comme un cours sur le cinéma Punk par exemple, la plupart des cours étaient consacrés aux classiques, aux basiques. Je comprends l’idée mais quand tu as l’impression de n’entendre parler pendant trois ans que de La Féline de Jacques Tourneur et de revenir sans cesse sur l’analyse de la séquence de la rue, avec Simone Simon qui suit Jane Randolph, le travelling sur les pieds, etc., ça devient lassant. C’est comme en philo : Descartes, Hegel, c’est très bien mais à condition d’en sortir. Cela dit, ça m’a quand même permis d’approfondir une vision personnelle du cinéma et de perfectionner mes méthodes de travail et d’analyse.

L’ENSAV

À la fin de la deuxième année de licence, j’ai passé le concours d’entrée à l’ENSAV (école Nationale Supérieure d’Audiovisuel) de Toulouse, l’une des trois écoles publiques de cinéma avec Louis-Lumière à Paris et la CinéFabrique à Lyon, mais sans succès. La deuxième tentative a été la bonne et j’ai intégré l’école au mois d’octobre dernier. Le cursus est constitué de trois années, les deux premières en tronc commun et une troisième de spécialisation (réalisation, son, décors, …) Pour ma part, même si je n’ai toujours pas une idée très précise du métier que j’aimerais faire, je compte m’orienter vers le son, qui m’intéresse plus particulièrement. Depuis l’année dernière, je suis d’ailleurs bénévole dans une radio locale, similaire à Radio Béton, où je réalise des émissions. L’école étant rattachée à la fac, beaucoup d’étudiants sortent de la même licence que moi mais les parcours sont assez divers – l’un a suivi des études d’anthropologie, un autre a fait une école d’ingénieur, il y a même un enseignant qui a décidé de reprendre des études – ce qui est très enrichissant car la plupart des travaux qui nous sont demandés sont collectifs. L’enseignement est tourné vers la pratique et les étudiants sont vraiment incités à faire preuve d’autonomie et de créativité. Avant les vacances de Noël, chacun devait réaliser un court-métrage de 2 minutes 40, en 16 mm argentique, avec une caméra Bolex. Un prof nous a expliqué comment fonctionnait la caméra, les mécanismes et réglages basiques, mais finalement la prise en main se fait de manière pratique, au moment du tournage. Tu apprends en faisant. C’est une approche qui me convient parfaitement parce qu’elle privilégie la sensibilité et la vision personnelle plutôt que les savoirs théoriques. Le point commun entre tous les étudiants est bien sûr l’intérêt qu’ils portent au cinéma mais, là aussi, plus en tant que pratique artistique qu’objet culturel. Tous les étudiants ne sont pas forcément cinéphiles, ni cinéphages. Les étudiants de première année animent un ciné-club où chacun peut proposer et présenter un film. Le Roi et l’Oiseau ou Wallace et Grommit ont déjà été présentés. Le but est vraiment de créer de l’échange, de partager autour d’un film, quel qu’il soit, et pas forcément un classique.

Propos recueillis par Olivier Pion

Cinéfil n°69 - Janvier 2023