Le samedi 21 janvier 2023, au cinéma CGR 2 Lions, s’est tenue la 2e édition du Cyclist Film Festival, un programme itinérant dans vingt villes de France qui était de passage à Tours pour la première fois.

Le concept de ce festival est de présenter une série de huit films de différents pays en deux heures et demie, tous autour de la passion du cyclisme sous ses formes variées. Aucune fiction, seulement des aventures humaines mettant en avant le rapport entre le ou la cycliste, son vélo et la nature.

Le premier film, Fuego, réalisé par la star du VTT Killian Bron, est une « capsule » de six minutes, issue d’un projet de cinquante minutes sorti à Annecy en février 2023. Il s’agit ici des acrobaties du vététiste dans les volcans guatémaltèques, les villes boliviennes et les déserts péruviens. Filmé à la caméra « Gopro » et au drone, le film offre un spectacle époustouflant à l’esthétique parfaite.

Le deuxième film, Goal zero power moves, est un film américain de quatorze minutes de Justin Boyer et Andy Eart, présentant Quin Brett, une femme devenue paraplégique, qui, grâce à son vélo manuel adapté, parcourt « la Tour Divide », une route mythique traversant les États-Unis, en reliant la frontière canadienne à celle du Mexique. C’est un film manquant un peu de souffle et dénué d’émotion, ne rendant pas justice à l’exploit réalisé par sa protagoniste.

Le troisième film, Contraire, réalisé par les productions allemandes Halger J.W. Wimmer, est un film de vingt-six minutes relatant les vacances estivales de deux amis, Jakob et Daniel, qui partent huit jours gravir en autonomie six sommets de plus de trois mille mètres des Alpes suisses. Ce film met en avant l’amitié sincère et la solidarité, sans oublier la beauté de la nature.

Le quatrième film est aussi une histoire d’amitié forte. Le Petit Braquet, film français de vingt-quatre minutes, produit par Peignée Verticale, présente douze amis qui partent chaque année six jours pour une compétition cycliste épicurienne. Ici, ils sont en Auvergne et, après s’être bagarrés toute la journée sur leur vélo en grimpant les cols, se retrouvent le soir pour un programme davantage tourné vers le fromage, la charcuterie et le vin. C’est un film tendre et amusant qui ne donne qu’une envie : intégrer cette « bande de potes ».

Après l’entracte de vingt minutes, le film Haute route Alps, de Mouss films, d’une durée de six minutes, ressemble davantage à une publicité pour cette randonnée VTT qui donne son nom à l’œuvre, et le sixième film, Siblings, de Mike Hopkins et Scott Carlson, court-métrage anglais de quatre minutes, montre des images de frères et sœurs avec une voix off relatant leur rapport au vélo. Un film sans doute poétique, mais je n’ai pas vraiment compris sa sélection dans la soirée.

L’avant-dernier film, Rainspotting, film écossais de Luke Francis et d’une durée de dix-sept minutes, présente une randonnée à vélo de quatre-vingt-quatre heures à travers les monts Grampians d’Écosse sous la pluie, la neige et dans la tourbière, entre deux fûts de whisky. On s’attache aux personnages et surtout à la seule fille du groupe, moins habituée à la randonnée cycliste que ses compagnons, mais qui ne se plaint jamais.

Le dernier film de la soirée est un ovni : One year on a bike, film néerlandais de Martijn Doolaard, d’une durée de quarante-six minutes, dans lequel le réalisateur part seul à vélo pendant un an pour rallier Amsterdam à Singapour, en pédalant dix-sept mille kilomètres à travers l’Europe de l’Est, le Moyen-Orient, longeant la bande d’arrêt d’urgence d’une autoroute du Pakistan ou encore campant dans la jungle du Myanmar. C’est un film à couper le souffle qui clôtura magnifiquement la soirée.

Un point noir cependant, nous regretterons le nom du programme, où les organisateurs ont retiré le « e » à cycliste, petit snobisme inutile qui donne une sonorité anglophone à un festival pourtant cent pour cent français.

Donatien Mazany

Cinéfil n°70 - mai 2023