Les articles publiés dans les anciens numéros du journal
Mes souvenirs d’Henri Langlois (3éme partie - Suite)
3 - L'homme que j'ai connu (Suite)
Quand je ressortis de la salle vers minuit et demi j'ai pu enfin accéder au réduit, plutôt que le bureau, où Langlois et Alain Marchand, le fidèle des fidèles, étaient enfermés depuis le début de l'après-midi. Un brouillard épais de fumées de cigarettes planait dans le local. Il y avait deux tables-bureaux, jouxtées l'une en face de l'autre, avec deux téléphones et les deux protagonistes se faisaient face. Alors j'ai assisté à une programmation totalement surréaliste de la salle de Chaillot, puis ensuite de celle de Tours. Alain Marchand avait en ligne Akira Kurosawa à Tokyo et Henri, Jules Dassin à New york. Alain demandait à Kurosawa l'autorisation de passer à Paris puis à Tours "La Légende du Grand Judo","Rashomon", "Sanjuro des Camélias", tandis que Langlois négociait avec Dassin les passages des "Bas fonds de Frisco","Les forbans de la nuit" et du "Rififi chez les Hommes".
Assunta Spina, Nozze d’oro, Une soirée, deux films muets italiens
Ce fut un grand plaisir pour moi de voir qu'Agnès Torrens avait eu la possibilité de projeter deux films muets italiens. J'ai eu l'honneur et le plaisir de présenter cette soirée consacrée au muet italien qui fut exceptionnelle quant à la rareté et à la qualité des films. Moi-même, après avoir travaillé pendant deux ans sur le cinéma muet italien je n'avais pu voir Assunta Spina sur grand écran et je vis Nozze d'oro pour la première fois.
Pour ceux qui n'ont pas pu assister à cette soirée, et pour rappeler ce qu'il faut retenir de ce courant naturaliste, voici les grands points importants.
Mes souvenirs d’Henri Langlois (3éme partie)
3 - L'homme que j'ai connu
En 1967, comme beaucoup d'autres j'ai débarqué un matin à Chaillot pour lui montrer mon premier film professionnel "La Fouine". C'est André S. Labarthe qui m'avait permis de le rencontrer. Henri passa au cours de la projection puis acquiesça du regard en me tapant sur l'épaule. Je fis de même pour le suivant "Le Matin d'Elvire" en 1969. Mary Meerson était là. Elle me prit en aparté et me dit « Vous êtes de Tours je crois; il faudrait que l'on crée avec vous dans cette ville les "Amis de la Cinémathèque" comme nous l'avons fait à Nice avec Odile Chapelle, puis aussi à Strasbourg et à Grenoble. » « Bien sûr, lui dis-je, ce serait avec grand plaisir ! » « Bien, il faut revenir nous voir ».
Les interviews de Cinéfil - Manon Billaut
La passeuse de Lumière
Elle est une des plumes de Cinéfil. Depuis 2 ans, elle y écrit sur l'histoire du cinéma, parle de ses films coups de cœur choisis parmi la programmation de la Cinémathèque pour nous en dévoiler les sens cachés et les mises en perspectives. Une inclination pour les films du patrimoine (films muets et réalisme en particulier) et une plume érudite qui cachent son jeune âge, seulement 22 ans.
Pétillante et brillante jeune femme tourangelle, elle sait ce qu'elle doit à ceux qui l'ont initiée – ses parents et Louis D'Orazio – et veut à présent transmettre à son tour !
Elle présentera deux soirées cinémathèque cette saison.
Pialat - Rohmer : quelles comparaisons possibles ?
Eric Rohmer (1920-2010) et Maurice Pialat (1925-2003) constituent deux parfaits exemples de ce que l'on appelle en France le cinéma d'auteurs. Leurs films, 12 longs métrages de cinéma et 25 films au total pour Pialat, 26 longs métrages de cinéma et 45 films au total pour Rohmer, fonctionnent ainsi comme des références culturelles que tout cinéphile, ou homme cultivé, aime à citer dans les dîners en ville.
Il n'est donc pas inintéressant de tenter de comparer ces deux cinéastes brillants, appartenant à la même génération, ayant connu une carrière parallèle, et qui ont curieusement traité en partie un thème commun : les affres et les tumultes amoureux de la jeunesse.
Le cinéma marocain et son apogée dans les années 2000 (1ère partie)
Très longtemps le cinéma marocain n'a existé qu'à travers les productions étrangères. Les palettes de couleurs, les atmosphères chaudes et angoissantes de ses villes ou de ses souks ont alimenté l'imaginaire occidental comme une image fascinante du Maghreb et de ses mystères. Cet ''orientalisme'' qui fit les beaux jours de nombreux peintres du XIXème siècle ne devait pas épargner le cinéma.
Cette fascination, souvent exclusivement commerciale parfois apologétique, au moins en ce qui concerne le cinéma, a considérablement retardé l'apparition de productions autochtones. Mais curieusement, c'est sans doute la fréquentation de metteurs en scène venus d'Europe ou d'Amérique qui a suscité des vocations auprès des jeunes aspirants cinéastes et modelé un style qui, hélas, devra attendre les années 2000 et la nouvelle royauté pour s'épanouir.
Regard sur le Cinéma Kirghize
Bien qu'étant de nationalité russe, Andréi Mikhalkov-Konchalovsky, en tournant Le premier Maître pour les studios du cinéma kirghize, contribua grandement à faire diffuser en Europe la production de cette petite république asiatique que peu de cinéphiles connaissent.
Les interviews de Cinéfil - Lionel Tardif
La marche vers l'éveil
S'il est une personnalité incontournable dans le milieu du cinéma tourangeau, alors le nom de Lionel Tardif s'impose. Directeur du centre culturel du Beffroi avant de fonder et diriger la Cinémathèque pendant plus de 30 ans, il fut aussi un acteur clé de festivals comme les rencontres Henri Langlois, hier à Tours, aujourd'hui à Poitiers, ou encore Les rencontres internationales des films du patrimoine de Vincennes.
Lionel Tardif sera de « retour » à la Cinémathèque de Tours le 28 mai où une rétrospective de trois de ses films sera présentée, en sa présence. L'occasion pour nous de nous intéresser à un aspect moins connu de son parcours richissime : ses débuts au cinéma en tant que réalisateur et ses films de création documentaire dirigés sur l'Orient.
Un géant d’1m60
Ce qui frappe dans l'œuvre de Buster Keaton, qui ne sollicite jamais la pitié ou la compassion, est la pugnacité de l'innocent à s'accaparer le monde dès lors que celui-ci devient un obstacle à la réalisation de ses désirs. Rien ne constitue un réel obstacle lorsqu'il s'agit de conquérir sa belle, ou mieux encore de la sauver, quand tous les autres ont abandonné ou que la force brute semble avoir vaincu.
La puissance du corps comique
Buster Keaton dans Steamboat Bill Junior
Dès l'âge de cinq ans Buster Keaton est la vedette du spectacle de music-hall de ses parents. Son père se sert de lui comme d'un objet, pour balayer le sol ou encore le jeter dans la fosse d'orchestre. Une fois son père l'utilisa même comme projectile pour se venger d'un spectateur qui venait d'insulter sa femme. Keaton remonta sur scène et continua à jouer, tandis qu'il avait trois côtes cassées... On retrouve d'ailleurs ce même père dans Steamboat bill junior, traduit Cadet d'eau douce en français, non crédité au générique. La société new-yorkaise de protection de l'enfance s'était mêlée de l'affaire en accusant en vain le père de cruauté, qui, lui, étendit rapidement son numéro familial au frère et à la sœur de Buster Keaton. Mais plus tard, Keaton expliquera que, selon lui, c'est parce qu'à cette époque il s'était formé à être insensible à la douleur qu'il put faire par la suite toutes ses cascades lui-même et faire de son corps son sujet comique. « Le premier talent de Buster Keaton est donc de savoir tomber sans (trop) se blesser » résume bien Stéphane Goudet dans Buster Keaton.