Editorial :
Pour notre deuxième projection de la saison, nous avons choisi de vous proposer Le baiser de la femme araignée qui rencontra, lors de sa sortie en 1985, un certain succès public et valut à William Hurt, l’un de ses acteurs principaux, des prix d’interprétation à Cannes et aux Oscars. Outre le plaisir de partager avec vous un film qui mérite d’être redécouvert, aussi bien pour ses qualités artistiques que pour son intérêt historique, cette séance nous permet de participer pour la première fois au festival Désir… Désirs dans la programmation duquel elle s’inscrit. Depuis trente ans, Désir… Désirs s’attache à porter la parole de celles et ceux que la morale dominante, pour ne pas dire oppressive, s’efforce de maintenir dans l’ombre. À travers des films rares ou inédits (mais aussi des spectacles, des expositions, des rencontres), il donne ainsi, chaque année, l’occasion d’explorer les enjeux comme les difficultés de la vie collective en offrant à chacun la possibilité de se confronter aux désirs des autres. Multiplier les points de vue, élargir les champs d’observation, secouer les paradigmes, c’est la vocation même du cinéma, comme de toute pratique artistique. C’est aussi ce que s’efforce de faire, à sa modeste échelle, le Cinéfil qui a à cœur de mêler dans ses pages les tons, les styles et les contenus. Dans ce numéro, vous trouverez ainsi un article sur Gérard Philipe, comédien un peu oublié aujourd’hui mais qui marqua le monde théâtral et cinématographique des années 40 et 50 ; un autre sur L’Argent, dernier film de Robert Bresson, l’un des réalisateurs les plus singuliers et les plus importants du cinéma français sinon mondial ; un troisième sur la façon dont le cinéma français aborde l’actualité sociale et politique ; un entretien avec les organisatrices des Séances Jeunes, qui contribuent à faire (re)découvrir le plaisir des projections en salle ; ou encore, le témoignage d’une étudiante en cinéma, ancienne élève de la section Cinéma Audiovisuel du Lycée Balzac. Un œil sur le passé, un autre sur l’avenir… C’est ce que nous écrivions déjà dans l’éditorial du Cinéfil en mars 2022 (ce qui prouve que nous avons de la suite dans les idées ou une certaine tendance à rabâcher, nous vous laissons en juger). Ce pourrait être notre devise. Pastichant sans honte ni vergogne une fameuse formule libertaire, nous lui préfèrerons : de chacun selon ses plaisirs, à chacun selon ses désirs. C’est également ce que nous vous souhaitons pour la nouvelle année qui débute.
Olivier Pion