Éduquer le jeune public à l'image

    De la Cinémathèque, chacun connaît et apprécie les séances du lundi, son activité principale. Ce que l'on sait moins :

    La Cinémathèque mène tout un travail souterrain pour gagner à la cause des films du patrimoine les spectateurs de demain, les enfants d'aujourd'hui.

    Vous aviez déjà certainement remarqué les lundis la présence de jeunes du lycée Balzac ou encore de l'école de Beaux Arts, partenaires de la Cinémathèque, ou bien la présence de quelques bambins aux séances pensées pour toute la famille durant les vacances scolaires.

    Mais il faut savoir que la Cinémathèque s'adresse aussi aux tout-petits, dès 3 ans. Explications avec Elsa Loncle, chargée à la Cinémathèque de la communication, du fonds documentaire et, aux côtés d'Agnès Torrens, de la programmation notamment jeune public.

    Aurélie Dunouau : La programmation jeune public s'est développée ces dernières années dans le cadre des activités de la cinémathèque. Quelle place occupe-t-elle ?

    Elsa Loncle : On considère qu'il est important qu'il y ait un jeune public à la cinémathèque, il faut les prendre au berceau si je puis dire ! Ça participe à l'éducation à l'image.

    À la Cinémathèque de Tours, c'est assez récent et ça a pris de l'ampleur depuis 4 ans. Cela fait 4 ans que l'on est en partenariat avec la programmation jeune public de la ville de Tours et ce partenariat fonctionne bien. Pour l'instant, il s'agit de proposer deux séances dans l'année du cinéma de patrimoine, pendant les vacances de la Toussaint et de Pâques.

    Elles touchent un public familial, notre public Cinémathèque traditionnel mélangé à celui des enfants des centres aérés et des quartiers, puisque nous décentralisons ces séances l'une à l'espace Jacques Villeret aux Fontaines, l'autre au Centre de vie du Sanitas. L'objectif est de décloisonner, de mélanger les publics de centre ville et de quartiers, de présenter des films à des enfants dont les parents ne viennent pas à la Cinémathèque.

    A.D. : Nouveauté cette année, vous avez lancé pendant les vacances de février « Planète Satourne ». Quel en est le concept ?

    E.L. : L'idée était de proposer aux enfants une balade dans la ville en rapport avec le cinéma, mais aussi avec du spectacle vivant. Avec un thème : la musique.
C'est parti d'une discussion avec Marie-Thérèse Clerc de la programmation jeune public de la Ville de faire quelque chose pendant les vacances de février pour les enfants et on s'est élargi aux cinémas Studio et au réseau des bibliothèques de la ville. Des ciné-contes et des courts-métrages ont été présentés avec succès aux Fontaines. Salle comble également pour la projection de Fantasia au centre de vie du Sanitas, devant 140 personnes, et plein de tout-petits par terre. On est ravis aussi car on a réussi à toucher le public du Sanitas notamment grâce au relais du service de cohésion sociale de la Ville.

    A.D. : Il y aura donc une suite à « Planète satourne » l'an prochain ?

    E.L. : Oui, le bilan est bon, on a bénéficié d'une bonne communication, et l'an prochain ça pourra devenir un festival. On aimerait donner de l'ampleur, proposer un ciné-concert, et y adjoindre la Médiathèque de Tours Nord.

    Cette année, « Planète satourne » s'adressait surtout aux 4-8 ans, l'an prochain on pourrait faire des propositions pour les plus grands aussi, les 8-12 ans.

    A.D. : Vous choisissez des films pour enfants qu'il est difficile de voir autrement ?

    E.L. : Pour les 3-6 ans, il n'est pas facile de trouver des films de patrimoine qui soient bien, accessibles, qui existent en dvd, qui n'aient pas de problèmes de droits et qui ne soient pas déjà passés aux Studio et à la Cinémathèque ...

    On trouve mais ce n'est pas si simple que ça de faire original. On a passé des films du canadien Frédéric Back, d'avant-garde, expérimental des années 50, avec des formes qui bougent, des couleurs. Les petits adorent, ils marchent à fond ! Ils sont juste devant le plaisir des formes, des images, ils se posent moins de questions et n'attendent pas une histoire formatée.

    A.D. : Un autre aspect de la programmation jeune public est l'organisation de séances scolaires.

    E.L. : Nous travaillons avec les enseignants de lettres, d'histoire, d'anglais, qui piochent dans notre programmation annuelle des films qu'ils veulent montrer à leurs élèves de lycées. Ainsi en mars, 130 lycéens de Notre-Dame-La-Riche sont venus voir le matin-même de la séance Cinémathèque "Le crime de monsieur Lange" de Jean Renoir.

    Et puis, nous proposons aussi des séances via l'OCCE, l'Office Centralisé de Coopération à l'Ecole, qui s'adressent aux maternelles et primaires. Il y a trois films dans l'année. On les aide dans la programmation, on leur trouve les copies et on organise la séance. Le dispositif s'étend sur tout le département, à Tours, Château-Renault et Montbazon. Au total, 15 séances ont été organisées en 2011 et ça a touché 2312 élèves.

    On se développe, les enseignants nous connaissent ensuite et viennent à la Cinémathèque, mais le but n'est pas de faire de l'argent (nous rentrons très légèrement dans nos frais), mais de faire de l'éducation à l'image.

* La prochaine séance aura lieu le mercredi 25 avril à 15h30 dans la salle polyvalente du Centre de vie du Sanitas, avec au programme trois courts-métrages de Buster Keaton, pour tout public à partir de 6 ans (Fatty cuisinier, La maison démontable et Malec, champion de tir). Un seul tarif, 3.50 € par personne et il vaut mieux réserver.

Propos recueillis par Aurélie Dunouau