Ils ont 15-17 ans, et déjà ils écrivent, tournent, et montent des films ! Encadrés par des professionnels, ils passent cinq heures de leur semaine à étudier le cinéma sous toutes ses séquences.
Le lycée Balzac de Tours (et actuellement son professeur de l'audiovisuel Laurent Givelet) dispense une option cinéma reconnue et recherchée, qui, au fil des années, a vu passer comme élèves Antony Cordier, Alexis Guérineau, Manon Billaut, ... Il faut savoir que 60% des élèves environ continuent leurs études en cinéma après ce bac.

    Les futurs grands noms du cinéma seront peut-être Manon Pelcerf et Alexandre Guy, lycéens en Terminale. Sympas, décontractés et passionnés, ils ont accepté de passer pour nous le grand oral : à savoir, nous présenter les grandes lignes de l'option cinéma à Balzac.

Aurélie Dunouau : Qu'est-ce qui vous a amenés à faire des études de cinéma ? A franchir le pas, de passer du stade de l'intérêt pour en faire un objet d'études ?

Manon Pelcerf : Ma mère m'amenait tout le temps au cinéma, aux Studio. De son côté, mon beau-père m'a fait étudier quelques films, et puis en 3ème, la conseillère d'orientation m'a confirmé que ce milieu me correspondait. J'ai pris l'option cinéma en seconde et j'étais convaincue. J'ai aimé apprendre à voir les films différemment et le fait que l'on fasse des films.

Alexandre Guy : Moi, c'est plutôt par curiosité, j'avais le choix entre japonais et cinéma pour rentrer à Balzac. Pendant la 1ère année, en 2nde, ça m'a plu et j'ai continué.

A.D. : En quoi consiste concrètement l'option cinéma ? Quel est le contenu des cours et la part respective de la théorie et de la pratique ?

Alexandre : C'est moitié-moitié. En fait, on analyse des films. Il y a toujours des thèmes, en 1ère, c'était le film noir. Ensuite, il y a la partie création, monter des courts métrages en groupes. On apprend aussi à monter des films.

Manon : De la pratique aussi par le travail pour le bac qui est de s'entraîner à écrire des scénarios, faire des découpages (« story-board »), des notes d'intention. C'est comme cela qu'on apprend le plus, par la pratique. On tourne où on veut, dans Tours.

(...) Par ailleurs, on revient du festival de cinéma de Sarlat. On a vu ou revu beaucoup de films de Lubitsch qui est au programme cette année (« To be or not to be »), aussi des avant-premières...

A.D. : Est-ce que ce sont des méthodes d'apprentissage qui vous servent pour d'autres matières ?

Alexandre : Dans les notes d'intention, il faut développer une idée donc ça m'a servi pour les commentaires en français et les dissertations en philo.

Manon : Ca apprend à défendre son point de vue, c'est un travail argumentatif qui nous ressert.

A.D. : Quelles sont les découvertes que vous avez faites ? Qu'est-ce que vous avez appris sur le cinéma ?

Manon : C'est vraiment une autre façon de voir les films. On a l'impression qu'on saisit des petites choses que les autres ne voient pas forcément. On regarde les films différemment. L'aspect critique se développe. On peut plus facilement comparer. On est tous venus là sans réellement savoir ce qu'on allait faire, mais en fait ça ouvre l'esprit.

On voit la différence avec les autres élèves qui, parce qu'un film a plus de 30 ans et est en noir et blanc, vont rigoler, se moquer. (NB : c'était sur une adaptation d'Hamlet avec Laurence Olivier). Mais c'est vrai qu'au début les films en noir et blanc, ne m'intéressaient pas car j'étais captivée par les lumières et les couleurs. L'option cinéma m'a appris à apprécier.

Alexandre : Maintenant quand je regarde les plans, je me dis dans ma tête, là ce plan c'est en plongée, en contre- plongée,... Je me demande pourquoi le réalisateur a fait ça. Avant quand je regardais un film, je disais j'aime ou je n'aime pas, mais maintenant c'est plus dur d'être catégorique, on regarde les choix esthétiques, le propos.

A.D. : Est-ce que vous avez des objectifs professionnels dans le milieu du cinéma ?

Manon : Oui. Je suis intéressée par la réalisation. Après, je ne sais pas si ce sera dans la fiction ou le documentaire, mais j'ai envie de réaliser.

Alexandre : Moi, ce n'est pas vraiment dans le milieu du cinéma que j'envisage de travailler mais plutôt dans la publicité, dans la réalisation de pubs. J'aime le graphisme, avant, j'étais d'ailleurs intéressé par le dessin animé.

A.D. : Dernière question. Pouvez-vous nous citer un film qui vous a marqué, éveillé le goût du cinéma ?

Alexandre : Tous les films de Tim Burton. Surtout « Mars Attaks », c'est le film qui a traumatisé mon enfance, je pleurais devant...

Manon : Moi, c'était « Les temps modernes », quand j'étais petite, ma mère me raconte que je voulais tout le temps le regarder. Plus récemment, « Va, vis et deviens » de Radu Mihaileanu car j'ai appris plein de choses sur l'Histoire et il m'avait vraiment beaucoup ému, je l'ai trouvé beau, plein d'espoir.

Propos recueillis par Aurélie DUNOUAU