Le visage de la bibliothèque des Studio

    La Bibliothèque des Studio, vous la connaissez au moins de vue depuis 2007, année d'ouverture dans son lieu actuel donnant sur la rue des Ursulines, voire depuis 15 ans lorsqu'elle était nichée à l'étage du cinéma. Mais avez-vous déjà eu la curiosité de pousser sa porte ? Si ce n'est fait, précipitez-vous-y... Car c'est une véritable découverte, riche de surprises, notamment au sous-sol qui recèle des fonds documentaires précieux et insoupçonnés.

    A sa tête, on retrouve Tarik ROUKBA, à la base de la création de la nouvelle bibliothèque et chargé de sa gestion. Armé d'une douzaine de bénévoles de la commission bibliothèque qui, tels des fourmis dépouillent et répertorient les documents, il l'anime de tout son savoir.

    Nous vous invitons à une rapide visite avec notre guide, Tarik ROUKBA.

Aurélie Dunouau : Il me semble que c'est la seule bibliothèque du genre à Tours qui concentre autant de richesses et de références sur le cinéma...

Tarib Roukba : Il y a à peu près 7 bibliothèques de ce genre en France, la plus connue, la plus grande étant la bibliothèque du film à Paris. Ensuite, au niveau régional, nous représentons le fonds le plus conséquent sur le cinéma. C'est délicat de maintenir un flot vivant dans ce genre de lieu, financièrement parlant, les autres s'en sortent avec des fonds publics (centre de documentation Le France à Saint Étienne par exemple).

A.D. : Comment est née la bibliothèque des Studio, qu'est ce qui a motivé sa création ?

T.R. : L'objet politique des Cinémas Studio est de proposer au plus grand nombre un cinéma de qualité et la bibliothèque agit comme une médiation entre des films et l'amélioration de la connaissance cinématographique. Et c'est l'objectif qui est poursuivi aujourd'hui encore de proposer des documents qui permettent d'approfondir telle cinématographie, tel réalisateur, telle technique,..

    On tente de la faire connaître, j'anime des ateliers le matin, avec le dispositif scolaire « école et cinéma », où on reçoit des écoliers : je leur fais une présentation de la bibliothèque et un lien avec le film vu dans la salle (dernièrement un atelier autour du burlesque). On a aussi des livres pour les enfants, ce peut être une approche du cinéma intéressante.

    Ensuite, quasi dès le début, l'ouverture ici en 2007, on a mis en place des rencontres avec des critiques de cinéma. On essaie d'en avoir 3 par an, avec salle comble à chaque fois, en lien avec un film proposé et cela permet de faire connaître la bibliothèque (ainsi le 22 mars dernier, le conférencier Kawka sur les précurseurs du cinéma et l'analyse de l'image « De la grotte de Lascaux aux lumières »).

A.D. : Votre public correspond à celui des Studio ou bien est-il plus large ?

T.R. : Il y a quelque chose contre lequel on se bat dans notre politique d'acquisition, il y a des documents qui sont plus destinés à un public averti, des chercheurs, des étudiants... mais on a eu la volonté de s'ouvrir au grand public et de brosser toutes les cinématographies et les genres, par exemple des livres qui traitent de cinéma B , de science fiction... Bien sûr, nous avons beaucoup d'éléments sur le patrimoine ou des essais théoriques sur le cinéma, mais nous avons des documents qui intéressent le grand public. Avec aussi, ce que défendent les Studio, c'est l'ouverture vers des cinématographies de différents pays.

A.D. : Quels sont les chiffres de la fréquentation de la bibliothèque ?

T.R. : En 2012, 1120 personnes sont venus consulter ou emprunter des documents (contre 650 en 2009) et on a 230 abonnés à la bibliothèque. On souhaite aussi que ce soit un lieu ouvert, et on ne souhaite pas que les gens soient abonnés au studio ou aient quelque carte pour rentrer dans ce lieu. Donc on peut venir ici, consulter, sans payer quoi que ce soit. L'abonnement à la bibliothèque (2,50€ pour un an) est réservé au prêt.

A.D. : Vous disposez d'une grande variété de documents, qui vont des livres aux affiches en passant par les revues. Pouvez-vous nous en dresser l'inventaire ?

 T.R. : On n'a qu'un seul support, le papier. Le choix a été fait de ne pas entamer de collections DVD, VHS. Cette réflexion, on l'a menée avec la bibliothèque municipale, qui du coup dans son offre, notamment la médiathèque F. Mitterrand de Tours-nord, a élargi ses acquisitions DVD.

    En documents, on a des livres qui essayent de traiter de différents domaines, de la sociologie, de la philosophie, de l'histoire, de la géographie, de l' économie du cinéma, du marketing, de la publicité autour des affiches, des bouquins théoriques, sur l'esthétique des films, sur les réalisateurs, des biographies, des analyses de films, des encyclopédies...

    Au total, nous disposons de 4000 livres.

    Là où on possède le plus de documents, ce sont les revues. On a 80 titres de revues, avec une trentaine encore en cours de parution. Là aussi, on essaie de brosser tous les domaines du cinéma, ça va de la science fiction avec Mad Movies au patrimoine avec 1895 ou Archives, des revues plus grand public comme Studio Ciné Live aux revues éditées par des étudiants en cinéma.

    Et puis notre collection de « revues mortes » recèle des informations introuvables aujourd'hui sur internet. Notre plus vieille revue date des années 20 et dedans on va retrouver un article sur la sortie du film de Charlie Chaplin, « Le cirque ».

    Ensuite on a des éléments iconographiques, des affiches de films, qu'on a conservées depuis les débuts des Studio en 1963, que malheureusement bon nombre de cinémas jettent ou vendent.

    On a des photos d'exploitation aussi, quelques diapositives, les dossiers de presse...voilà en gros les différents éléments que l'on trouve dans la bibliothèque.

A.D. : En somme, vous combinez deux objectifs : conservation et mise à disposition du public ?

T.R. : Ce sont effectivement nos deux objectifs, il s'avère même que nous avons des éléments qui ne sont pas à la bibliothèque du film de Paris, notamment les dossiers de presse. On a recueilli pas mal de dons, de documents, de livres, de revues, ce qui nous donne un rôle de conservation pas institutionnel, associatif. Mais nous avons surtout un rôle de diffusion. C'est pour cela que nous avons un portail commun (catalogue) avec les bibliothèques municipales, un nouveau blog (biblistudio.wordpress.com ) qui tente de présenter et mettre en lumière notre fonds et des animations pour faire vivre ces documents.

A.D. : Quels sont vos projets ?

T.R. : Outres les rencontres trimestrielles avec les conférenciers, on participe aussi à la vie des Studio pendant les festivals, prochainement asiatique, et « Désir, désirs ».

    Et puis, pendant l'anniversaire des 50 ans on expose 50 affiches de films dans le hall, soit une par année.

Propos recueillis par Aurélie Dunouau

Ouverture de la bibliothèque des Studio :
lundi et vendredi : 14h à 19h00 mercredi et jeudi : 14h à 17h00
samedi : 14h30 à 17h00.
Fermeture le mardi et pendant les vacances scolaires.