Le 18 février de cette année 2013 est décédé Jean Collomb. Ce grand chef-opérateur français est aujourd'hui bien oublié malgré le travail qu'il effectua sur quelques films célèbres des années 1960/1970.

    On néglige trop souvent l'importance de ces techniciens de l'image sur la réussite des films qu'on attribue trop souvent au seul réalisateur. Rectifions cette pensée commune au profit de ceux qui ont tout autant consacré leur vie et leur talent au cinéma.

    Nous avons pensé qu'un hommage à Jean Collomb s'inscrivait légitimement dans les objectifs de notre revue.

    La brève biographie que nous publions ci-dessous fut écrite en 2012.

La Rédaction.


    Jean Collomb est né à Voiron (Isère) le 9 octobre 1922 et décédé à Paris le 18 février 2013.

    Il fut diplômé en 1941 de l'Ecole Nationale Professionnelle de Voiron. Quoique ayant suivi des études techniques il était un visuel. Doué, comme son père, pour le dessin il ajoute la peinture à sa formation. Il la pratique en dilettante et participe à de nombreuses expositions en France et à l'étranger.

    La photographie est venue lui faire un clin d'œil comme un complément à son univers figuratif.

    C'est dans l'industrie cinématographique qu'il a pu mettre à profit son sens de l'observation et de l'utilisation de la lumière.

    Il a quitté sa région natale tout de suite après la guerre pour ''monter à Paris'' et tâter de près l'univers cinématographique qui l'attirait depuis longtemps. Tout en travaillant dans les studios Eclair il faisait également des reportages photos pour des revues professionnelles.

    Après cinq ans passées aux Laboratoires Eclair, où il devint agent technique tout en glanant des informations de toutes sortes concernant l'activité cinématographique, il se lança en 1954 dans le tournage de films documentaires, publicitaires et de prospective économique en assurant l'éclairage et souvent la réalisation.

    En 1959, il fonda sa maison de production ''Les films des trois fontaines'' dont il inaugura l'activité avec son film ''Les dés sont sur le tapis'', un documentaire qu'il réalisa sur le débarquement des troupes alliées en Normandie le 6 juin 1944. C'est aussi en 1959 que Claude-Bernard Aubert lui confia l'éclairage de son quatrième film ''Les lâches vivent d'espoir''.

    Après sa rencontre avec Claude Lelouch il tourna en 1963 le deuxième film de celui-ci : ''L'amour avec des si''. Il resta son fidèle collaborateur sur quatorze de ses films jusqu'à : ''Le chat et la souris'' en 1975.

    En tant que Directeur de la Photographie il assura l'éclairage, en plus de Claude-Bernard Aubert et de Claude Lelouch déjà cités, pour de nombreux réalisateurs de longs métrages tels que Claude Pinoteau, Henri Calef, Pierre Kast, Rémo Forlani, Pierre Sissier, Pierre Granier-Deferre, François Reichenbach, Marcel Carné, Abel Gance.

    Jean Collomb est resté quelques années Vice-Président de la Fédération Française du Cinéma Educatif fondée par Marcel Cochin et il a écrit quelques articles sur le cinéma et la télévision parus dans la revue ''Films et Documents''.

    Comme d'autres techniciens il a été appelé à contribuer à la formation des jeunes qui voulaient aborder le métier de cinéaste. Il a ainsi donné des cours (sensitométrie, colorimétrie) dans des organismes tels que le CERIS (Centre d'Etudes et de Recherche de l'Image et du Son) à Chantilly, le CLCF (Conservatoire Libre du Cinéma Français) à Paris, l'ETPA (Lycée technique Privé de Photographie et d'Audiovisuel) à Rennes et à Bordeaux ainsi qu'aux 3IIIS (Institut International de l'Image et du Son) à Trappes.

    En 1981, TDI (Télé Diffusion Internationale) voulant faire appel à des techniciens de terrain lui propose d'animer des stages d'enseignement dans les pays dont les studios de télévision manquaient encore de personnels compétents. Il a ainsi enseigné au Niger, en Algérie, en Tunisie, en Libye, en Arabie Saoudite, en Grèce et à l'Ile Maurice.

    Les cours proposés traitaient des équipements électriques d'éclairage et de la pratique de leur utilisation.

    En 1987 il fut élu pour 5 ans Président de la Commission ''Prises de vue'' au sein de la C.S.T. (Commission Supérieure Technique de l'Image et du Son).

    En 1995, les Editions DIXIT publient l'ouvrage : Du cinématographe au Cinéma – 1895 –1995, qu'il a écrit avec son ami Lucien Patry. Ce livre raconte cent ans de technologies cinématographiques françaises.

    Pendant plusieurs années en qualité de Vice-Président de l'association culturelle CIDALC (Comité International de la diffusion des Arts et des Lettres par le Cinéma) il a participé à la remise du ''Prix CIDALC'' dans de nombreux festivals.

    Au ''Festival de l'image du film'' à Chalon-sur-Saône, fondé à l'initiative de Claude Lafaye et dirigé par Anne Marie Siesbye il participa à l'animation des conférences et des débats entre techniciens.

    Il était également membre du jury et membre du comité de sélection du Festival du Film Court de Voiron organisé par l'Association Reflex Image Création et en fut le Président du Jury.

    Jean Collomb reçut la Médaille de Chevalier des Arts et des Lettres en 1985.


    Outre pour les films de Claude Lelouch (de 1963 à 1975) Jean Collomb a assuré, entre autres, la direction de la photographie pour Le Silencieux, Mariage, La gifle, Adieu Poulet, Le grand escogriffe.

Alain Jacques Bonnet

Cinefil N° 26 - Septembre 2013

Aujourd'hui jeudi 04/10/2018 nous avons reçu un message d'Anne-Marie Siesbye nous demandant de rectifier le paragraphe qui concerne le festival créé à Chalon-sur-Saône :

- Le festival s'appelait "Festival de l'image de film".

- Il a été créé par Anne-Marie Siesbye avec l'aide de Claude Lafaye. Anne-Marie Siesbye l'a dirigé pendant les 10 années de son existence.

- Jean Collomb a fait partie du jury. Il a participé à l'organisation des tables rondes et il a fait partie du conseil d'administration.