« Un renoncement », de René de Ceccatty - Ėditions Flammarion

    À la fois récit biographique sous forme de flash-back discontinus et enquête autour des projets de tournages qui n'ont pas abouti, principalement celui de « La Duchesse de Langeais », ce livre retrace les circonstances qui ont provoqué le « renoncement » progressif de Greta Garbo au cinéma à partir des années 40. Renoncement assumé et voulu ou conséquence de l'évolution du cinéma et de sa situation de star « fabriquée » par les studios d'Hollywood au cours de ses 16 années de tournage (1925 à 1941) ?

    Le personnage de « La Duchesse de Langeais » dont la réalisation aurait été assurée par Max Ophuls correspondait à l'idée que Greta Garbo se faisait d'elle-même, « femme coquette, représentante d'une société frivole et d'une époque aux valeurs fausses et dénaturées »; malheureusement, pour de multiples raisons, ce projet n'eut pas de suite.

    Un passage du livre résume toute la personnalité de Greta Garbo :

    « La fille du fermier-boucher-jardinier devait à son apparence - qu'elle tenait de la finesse des traits de son père – et au système des studios, son règne fragile. Elle eut l'habileté de construire une fortune et elle eut la grâce de maintenir, par son tempérament misanthrope ou sa sauvagerie névrotique, sa légende fondée essentiellement sur la particularité de sa filmographie et l'identification entre ses rôles et sa personne, rôles pourtant bancals car eux-mêmes incarnés selon un jeu bizarre qui ne venait que d'elle.

    Sa fortune et son mythe étaient les passes qui lui permettaient d'entrer dans le monde d'aristocrates spéculateurs et fêtards ».

    René de Ceccatty en profite pour nous faire revisiter l'univers du cinéma à Hollywood mais aussi en Europe depuis le début des années 30 jusqu'au début des années 50 à travers les événements qui ont marqué cette période (l'arrivée du parlant, le code Hayes, la chasse aux sorcières...) et la vie et relations des personnalités qui gravitent dans ce milieu, où nous apprenons beaucoup en dehors des clichés diffusés par les médias.

Paul Neilz