Soirée d'ouverture des Journées du film italien aux Studio... L'angoisse étreint le cœur des organisateurs. Le public sera-t-il au rendez-vous ? Finalement il ne fallait pas s'inquiéter et tous les sièges de la grande salle des Studio sont occupés pour l'avant-première de Viva la Liberta de Roberto Ando avec Tony Servilio qui incarne les deux personnalités, diverses et complémentaires à la fois, de deux jumeaux. Le film est drôle et chaleureux en même temps qu'il permet de porter un regard critique sur le monde politique. Les rires fusent...

Il faut dire que les esprits étaient déjà sous influence après trois lundis consacrés par la Cinémathèque à la comédie italienne avec des films de Mario Monicelli, Dino Risi et Pietro Germi. Avec Viva la Liberta nous avons bien l'impression que le cinéma italien contemporain renaît après une longue période d'oubli. Et après la projection, comme de bien entendu, un pot est offert au public pour honorer dignement l'ouverture de Viva il Cinema !

Le jeudi 6 février, une conférence de Paolo Modugno, professeur à Sciences-Po Paris, parle dans l'Auditorium de la Bibliothèque de ce cinéma italien contemporain que le public tourangeau ne connaît pas toujours bien et que ces Journées du film italien veulent justement lui faire découvrir. Regards croisés sur le cinéma italien d'hier et d'aujourd'hui.

Le vendredi après-midi, salle Thélème, un grand classique du cinéma italien, Senso de Visconti, est proposé aux scolaires mais la séance s'adresse aussi à tous les spectateurs qui voudraient revoir ce chef d'œuvre illuminé par la beauté d'Alida Valli.

La soirée du vendredi sera marquée par une déception. Rien n'est parfait, hélas ! Le rendez-vous avec Simonnetta Greggio qui devait présenter son livre, La Dolce Vita 1959-1979, à la Boîte à Livres, est annulé. Mais la librairie sera présente pendant ce festival où elle proposera à la vente une sélection d'ouvrages consacrés... au cinéma italien, bien sûr !

De la même façon, pour célébrer l'Italie, un couple de Siciliens qui vend des produits italiens sur les marchés de Tours, a installé son camion sur l'esplanade de l'Université. Les spectateurs affamés se ruent sur les arancini typiquement siciliens. Une cafetière permet aussi de se réchauffer avec un bon petit café ! On se croirait en Italie !

La soirée se poursuit avec la projection de I Primi della lista, épopée rocambolesque de trois jeunes italiens qui, dans la crainte d'un coup d'état en juin 1970, fuient l'Italie pour trouver refuge en Autriche. La copie du film sous-titré en français - la seule et unique copie qui existe- n'est pas très bonne et un bruit de fond gêne un peu la projection. Mais ce petit incident est vite oublié quand Chiara Lastraioli présente après le film un invité venu tout droit du Maroc où il réside maintenant. Cet invité, c'est Renzo Lulli qui a écrit le scénario du film à partir de sa propre expérience puisqu'il est un des trois protagonistes de l'histoire réelle que le film raconte. Renzo Lulli répond en français avec une grande simplicité aux questions qui lui sont posées. Malgré le passage des années, il n'a renié ni son passé de militant ni ses deux amis qui l'ont accompagné dans sa fuite. Renzo Lulli porte un regard tendre et ému sur cet évènement de sa jeunesse.

Un festival se doit de durer sur plusieurs jours et samedi après-midi le public se presse toujours aussi nombreux pour assister à la projection de trois films. Chaque film est présenté par Louis d'Orazio. Adieu la drôlerie ! L'après-midi sera sérieux. Le premier film, L'Homme qui viendra de Giorgio Diritti, est dur : tous les malheurs de la guerre qui passent par le regard d'une petite fille qui ne parle plus ! Après les dernières images terribles du massacre de Marzabotto, certains spectateurs éprouvent le besoin de sortir ! Pas pour longtemps car un deuxième film est programmé, tout aussi sérieux ! Conçu presque comme un documentaire, le film Piazza Fontana de Marco Tullio Giordana, raconte l'enquête difficile menée par le commissaire Calabresi pour trouver les coupables de l'attentat de la Banque Nationale de l'Agriculture de Milan le 1° décembre 1969.

Comment oublier tant de dureté et de violence ? Il Ristorante, le restaurant italien de L'Heure Tranquille, partenaire de ces Journées, a préparé des assiettes d'antipasti, des gressins et un viticulteur de Lussault sur Loire, C. Aupetitgendre, offre, lui, du bon vin de Touraine ! L'Italie et la Touraine se retrouvent autour d'un pot partagé dans la bonne humeur et la convivialité.

Il faut bien car à peine le pot terminé, les spectateurs regagnent la salle pour assister à la projection d'Ali a les yeux bleus de Claudio Giovannesi qui aborde le thème plus universel de l'immigration, même si nous sommes toujours en Italie.

Dimanche 9 février, le public, décidément séduit et intéressé, se presse encore une fois à la salle Thélème pour deux films, L'intervallo de Leonardo di Costanzo qui aborde d'une manière originale le problème de la Camorra dans un quartier populaire de Naples et enfin plus tendre et nostalgique là encore, Anni Felici de Daniele Luchetti. Le réalisateur raconte ses souvenirs d'enfance dans le contexte de la société italienne des années 70. Après les deux films les spectateurs peuvent déguster les assiettes d'antipasti arrosées d'un bon vin de Touraine. Comme dit le dicton, deux fois valent mieux qu'une !

Il y a eu une soirée d'ouverture et il y aura une soirée de clôture le lundi 10 février dans le cadre des séances de la Cinémathèque. Un invité de marque auquel Agnès Torrens a donné carte blanche, Gianluca Farinelli, directeur de la Cinémathèque de Bologne et qui travaille à la restauration des films. Il a choisi tout le programme de la soirée, des courts métrages des années 1900 qui évoquent une Italie disparue et que les images filmées permettent d'offrir encore à notre regard. Mais le plus beau sera le film d'Ermanno Olmi, son premier film, Le Temps s'est arrêté, histoire pleine d'humanité, celle de deux hommes que tout sépare, génération et milieu social, et qui seront unis par l'amitié une nuit glacée de solitude et de tempête dans la montagne près d'un barrage hydroélectrique dans les Alpes.

Après la projection, Gianluca Farinelli a parlé de son travail à la Cinémathèque de Bologne où l'on sauve les films de la destruction et de l'oubli. Par contre il a plus insisté sur le travail de conservation qui permet de sauvegarder le film tel qu'il a été présenté à son époque, qu'il préfère au travail de restauration qui lui enlève, notamment avec l'utilisation du numérique, son caractère original.

Il faisait froid dans le film avec ce vent glacé qui soufflait en tempête de neige, il faisait froid dans la salle et c'est Gianluca Farinelli lui-même qui a donné le clap de fin en invitant le public à aller se réchauffer, devinez donc autour de quoi, d'un pot où cette fois c'est la Touraine qui était à l'honneur avec des rillettes, du sainte maure, du nougat de Tours, du vin de Touraine. Une manière d'honorer notre hôte italien.

Tous étaient nombreux pour partager ce dernier pot de l'amitié et tous se demandaient s'il y aurait une deuxième édition de ces Journées du film italien en 2015.

Les organisateurs de ces Journées peuvent être satisfaits ! Un public très nombreux était au rendez-vous pour partager cette découverte du cinéma italien d'aujourd'hui.

VIVA IL CINEMA !

Catherine FELIX