Edition originale au Royaume-Uni en 2012 (100 ideas that changed film)
Traduction française en 2014 - Dunod Editeur

Le livre se présente en fait comme une encyclopédie à partir d’une approche par conséquent exclusivement thématique mais fort variée et diversifiée. Le lecteur pourra ainsi aborder 100 thèmes (en 100 fiches) portant aussi bien sur la lanterne magique ou le kinétoscope (les techniques ancestrales annonçant le cinématographe) que sur le plan subjectif et le montage, ou encore sur le cinéma d’animation ou la méthode de l’Actor’s Studio.

La dimension sociologique et économique du cinéma est cependant particulièrement mise en valeur répondant peut-être ainsi à l’attente des lecteurs anglo-saxons et s’appuyant sur les courants de recherche spécifique portant davantage sur l’économie du cinéma que sur l’histoire des idées. Ainsi pourra t-on trouver des développements sur les écoles de cinéma (notamment le premier institut national de cinématographie fondé à Moscou en 1919 (VGIK) soulignant ainsi l’intérêt majeur des pays totalitaires dans l’entre deux guerre pour l’art cinématographique en tant qu’outil d’éducation des masses), sur le cinéma gay et lesbien ou féministe (le cinéma de genre en général), sur l’essor des magazines de cinéma dès 1910 aux Etats-Unis contribuant à faire naître le star system, sur l’économie des nickelodeons ( ces petits cinémas de quartier aux Etats Unis dont le coût des places était fort modeste contribuant ainsi à l’essor populaire de ce nouveau média ) ou encore sur le block booking et le « studio system » ce modèle d’intégration verticale permettant aux grandes compagnies cinématographiques ( les big five : MGM, Warner, Paramount, Century Fox, RKO ) d’assurer, jusqu’en 1948, à la fois la production, la distribution, la projection (par la possession de salles). A côté de cette domination des studios, aujourd’hui absorbés au sein de grands groupes multimédia, David Parkison souligne l’existence d’un cinéma indépendant financé par de nouvelles maisons de production (Orion, Miramax, New Line) qu’incarne un cinéaste contemporain comme Jim Jarmush. L’auteur fait donc une large place aux questions économiques intégrant par exemple dans son analyse l’arrivée des cassettes video VHS dans les années 90, puis des DVD dans les années 2000, dont le marché dépassera dès 1995 les recettes des films projetés en salle. Les superproductions en 3 D, très à la mode aujourd’hui, apparaissent ainsi comme une réaction au marché des DVD et en 2009 les recettes en salle re-dépasseront d’ailleurs pour la première fois en 10 ans les ventes de DVD.

La présentation des courants artistiques qui ont traversé et structuré l’histoire du cinéma n’est bien sûr pas absente du livre. L’expressionisme allemand des années 20 avec des films comme Le Cabinet du docteur Caligari de R Wiene, le réalisme poétique porté par le cinéma français des années 30 avec les scenarii de Prévert, Spaak ou Jeanson, le surréalisme porté par des films célèbres comme Un chien andalou de Dali en 1928 ou Zéro de conduite de Jean Vigo, ou encore le néoréalisme italien d’après guerre, sont bien sûr l’occasion de fiches. Le cinéma documentaire anglais des années 50 à forte dimension sociale (Free Cinéma) n’est pas oublié, ainsi que l’émergence d’un cinéma provenant des PVD avec des réalisateurs comme Youssef Chahine (Egypte), Ousmane Sembene (Sénégal) ou Dariush Mehrjulslamic (Iran). Le livre se termine fort utilement sur un lexique portant sur les principaux termes techniques du monde du cinéma et s’avère richement illustré par de nombreux documents iconographiques.

Au final Les grandes idées qui ont révolutionné le cinéma constitue, une forme d’encyclopédie du cinéma fort riche, documentée et utile qui peut constituer, dans le cadre des fêtes de fin d’année qui approchent, une magnifique occasion de cadeau pour les amateurs cinéphiles présents dans notre entourage.

Eudes Girard

Cinefil N° 45 - Novembre 2015