Les films projetés par la cinémathèque (que ce soit à Tours ou à Paris) ont l’immense mérite de démontrer que l’écriture cinématographique n’a pas attendu l’invention des techniques numériques pour être efficace et capable de toucher les spectateurs au plus profond de leur sensibilité. Les progrès techniques ont jalonné l’histoire du cinéma et quelquefois, profondément bouleversé la façon de mettre en scène (par exemple lors du passage du muet au parlant).

          Aujourd’hui, les nouveaux moyens d’enregistrement des images assouplissent considérablement les problèmes de prises de vue et de son (caméra légère, mise au point automatique, traitement des couleurs…) mais je regrette que la plupart les cinéastes actuels oublient pour cela les bases mêmes de l’écriture cinématographique ! Pourquoi faut-il qu’ils se contentent d’utiliser des gros plans pour éviter les déplacements d’acteur et leur gestuelle, ou qu’ils suppriment tout exercice de montage en baladant leur caméra de haut en bas et de droite à gauche comme de vulgaires ‘’filmeurs’’ à caméscope ?

          Deux films récents étayent ce constat. Le premier c’est Des hommes et des Dieux (bon film par ailleurs) dans lequel Xavier Beauvois  se souvient que le cinéma est une affaire de cadre et de rythme. Pourquoi privilégie t-il  autant les gros plans qui, la plupart du temps, non seulement rompent le contenu émotionnel mais constituent souvent un contre-sens dramatique ? Pour plaire aux acteurs ?

          Le second film en exemple - Miral - est lui tout à fait raté justement à cause du traitement que lui a réservé le metteur en scène, Julien Schnabel, qui agite sa caméra (numérique) dans tous les sens, en courant, en sautant, en virevoltant à me donner la nausée. Résultat, de cette histoire humaine, ne ressort qu’une pâte sans saveur et sans consistance.

          Et tout ça, pour se conformer au formatage des producteurs des chaînes télés ?

Jocelin Lavaud