Du 10 octobre 2018 au 28 janvier 2019, la Cinémathèque de Paris rendait hommage à Sergio Leone, dans le cadre d’une grande exposition conçue par Gian Luca Farinelli, le directeur de la Cineteca de Bologne, avec un titre qui renvoyait à l’œuvre du réalisateur, Il était une fois Sergio Leone.

Un livre-catalogue co-écrit par Gian Luca Farinelli et Christopher Frayling, biographe attitré de Sergio Leone, et publié aux éditions de La Table Ronde, accompagnait cette exposition. Mais plus qu’un simple catalogue, c’est tout un ouvrage consacré à ce réalisateur souvent éreinté par la critique mais toujours apprécié par le grand public et aussi par les cinéastes contemporains. Le dernier film de Quentin Tarantino, Once upon a time in Hollywood, en est l’illustration, et le titre du livre, La Révolution Sergio Leone, insiste justement sur le rôle novateur du cinéma de Sergio Leone, souvent réduit avec mépris au rang du western-spaghetti.

D’abord il faut savoir que le cinéma italien à l’agonie a été sauvé par le succès de Pour une poignée de dollars (1964), puisque ce film a lancé une abondante production de westerns dits « à l’italienne », même si tous n’étaient pas forcément des films dignes de figurer dans les annales des chefs d’œuvre du Septième Art. Les films de Sergio Leone ont aussi révolutionné, en le modernisant, le genre très populaire du western qui vivait ses derniers instants !

Cet ouvrage embrasse tous les aspects du cinéma de Sergio Leone.

Gian Luca Farinelli et Antonio Bigini reviennent sur la biographie de Sergio Leone dont toute l’enfance a été bercée d’une part par le cinéma, d’autre part par la culture américaine et le western en particulier.

D’autres chapitres critiques analysent l’œuvre de Sergio Leone sur un plan plus esthétique, l’utilisation de la durée et de l’espace par exemple, ou la part belle faite à l’enfance, comme celle d’un Paradis à jamais perdu.

Ces textes d’analyse cinématographiques sont accompagnés d’entretiens avec Sergio Leone lui-même, de textes qu’il a écrits, d’entretiens avec ses acteurs, Clint Eastwood, Claudia Cardinale, Lee Van Cleef…, avec son indissociable compositeur, Ennio Morricone, avec ses scénaristes, Donati, Bertolucci, avec son producteur, Claudio Mancini, son directeur de la photographie, avec d’autres réalisateurs…

Le livre constitue une mine de renseignements sur le réalisateur dont il nous offre un portrait exhaustif, tout en nuances, car le « maître », malgré son génie cinématographique, n’était pas toujours facile dans ses rapports avec ses collaborateurs, notamment ses scénaristes !

Ajoutons à cela la richesse et la variété des illustrations qui accompagnent chaque chapitre, qui nous font entrer de plain-pied dans l’univers si particulier du cinéaste et qui font de cet ouvrage une somme critique exceptionnelle. En somme, un livre qui donne envie de revoir tous les films de Sergio Leone, et même le Voleur de bicyclette, où il fait une apparition comme acteur, sous les traits d’un séminariste !

La Révolution Sergio Leone, Les Éditions de La Table Ronde, Paris, 2018.

Catherine Felix

Cinéfil n°58 - Septembre 2019