Du lundi 30 septembre au dimanche 6 octobre 2019 s’est tenue à Biarritz la 28ème édition du Festival Biarritz Amérique Latine.

Ce festival, qui est une référence pour le cinéma latino-américain, propose, depuis sa création, trois compétitions avec dix longs métrages, dix courts métrages et dix documentaires.
Cette année, ont été présentés beaucoup de premiers films, inédits encore en France, et qui mettent à l’honneur l’Argentine, dont le cinéma est depuis longtemps une référence, le Pérou, le Guatemala, avec La Llorona, un film de Jayro Bustamante qui n’est pas un inconnu aux Studio (certains se souviennent peut-être du remarquable Ixcanul), le Brésil, la Colombie, l’Uruguay, qui était le pays invité l’année dernière, et tout nouveau venu sur la scène cinématographique, le Costa Rica, avec le film Cenizas negras, d’une très jeune réalisatrice. D’ailleurs, ce qui frappe lors de la présentation des films au public, c’est la jeunesse, l’enthousiasme, l’engagement de tous les réalisateurs et réalisatrices.

Quant aux documentaires, ils abordent toutes sortes de sujets, la musique avec un orchestre gitan de Colombie, les ravages du Sentier Lumineux au Pérou, les communautés indigènes, la nature, l’histoire récente du Brésil ou celle de Pedro Lemebel, pionnier du mouvement queer dans le Chili de Pinochet.

Outre les films en compétition, le festival propose chaque année des Focus autour de différentes thématiques et cette année, c’est la Patagonie qui était à l’honneur. Dans le cadre de ce Focus, les festivaliers ont eu l’occasion de revoir Le Bouton de Nacre du réalisateur chilien, Patricio Guzmán, qui traque dans le Chili actuel les traces de la mémoire de la dictature de Pinochet, et qui a obtenu au Festival de Berlin, en 2015, l’Ours d’argent du meilleur scénario. Il était présent pour présenter son dernier long métrage, La Cordillère des Songes, et il a été chaleureusement applaudi par le public. L’occasion de découvrir ou redécouvrir le film, Patagonia El Invierno, d’Emiliano Torres, que les Studio ont déjà présenté, et qui montre encore aujourd’hui les difficiles conditions de vie des péons qui travaillent dans les grandes estancias de la Patagonie. Le film  obtenu en 2016 de nombreuses récompenses au Festival du Film de San Sebastián (Prix Spécial du Jury) et au Festival du Film de La Havane (Meilleur Premier Film). Est présenté aussi un film très expérimental, Rey, que l’on a pu aussi découvrir aux Studio, et qui raconte, si tant est que l’on puisse dire « raconter », la vie d’Orélie Antoine de Tounens, petit avoué de Périgueux qui s’est, un jour, voulu Roi de Patagonie. Et bien d’autres films, qui ne sont jamais sortis en France, ont été l’occasion de belles découvertes lors de cette 28° édition !

Mais le Festival Biarritz Amérique Latine, ce n’est pas seulement des films à profusion pendant une semaine ! Le Festival propose aussi de découvrir la culture sud-américaine avec des rencontres littéraires, des rencontres animées par l’Institut des Hautes Études d’Amérique Latine, des expositions et des concerts. Et le 2 octobre, la Gare du Midi, reconvertie en salle de spectacles depuis 1991, a vibré au son de la musique cubaine avec l’orchestre du Septeto Santiaguero : les spectateurs, debout, ont commencé à danser avec une énergie débordante au pied de la scène puis tous se sont progressivement levés de leurs fauteuils et ont animé les rangées de leur déhanchement au rythme de la musique.

Pas de Festival non plus sans le Village du Festival, qui se tient dans les locaux du Casino, face à la mer, qui ouvre ses portes de 9h à 2h du matin et qui propose nourritures et saveurs du Nouveau Monde, artisanat, expositions et concerts quotidiens, et surtout un remarquable stand de livres, en espagnol et en traduction française, proposé par la librairie Elkar de Bayonne, qui s’associe à toutes les rencontres littéraires. Un hommage a été rendu au grand écrivain autodidacte chilien, Francisco Coloane, et l’écrivain mexicain, Jorge Volpi, est venu présenter dans un excellent français le livre qu’il a écrit sur Florence Cassez et le rôle que Nicolas Sarkozy a pu jouer dans cette affaire.

Le Festival Biarritz Amérique Latine est un festival qui se déroule dans une grande convivialité et en toute simplicité ! Rien à voir avec le G7 qui a sévi à Biarritz à la fin du mois d’août dernier !

Catherine Félix

Cinéfil N°59 - Décembre 2019