La Cinémathèque de Tours Henri Langlois et l’association Henri Langlois sont-elles deux structures différentes et indépendantes l’une de l’autre ? Et quel est le lien entre ces deux structures et les cinémas Studio ? Petit retour en arrière pour y voir plus clair.

La Cinémathèque de Tours est née en 1972 au sein d’une structure municipale (le centre social du Beffroi) alors dirigée par Lionel Tardif. Ses activités se développent au Beffroi jusqu’en 1989, date à laquelle Lionel Tardif est remplacé à la tête du centre social. À la demande de la ville, il s’installe rue des Tanneurs avec la mission d’organiser un festival de cinéma pour remplacer le Festival de courts métrages Henri Langlois qui vient de quitter Tours pour Poitiers. C’est dans le prolongement de la création de ce nouveau festival (qui prendra le nom de Festival Henri Langlois cinéma et télévision) que l’Association Henri Langlois est créée en 1991. Elle a pour mission de gérer le nouveau festival (dont il n’y aura que deux éditions) ainsi que les activités de la Cinémathèque. L’association est composée de personnalités choisies par Lionel Tardif et la mairie de Tours, pour leurs connaissances ou leur intérêt pour le cinéma. La ville octroie à l’association les bureaux du 7, rue des Tanneurs, lui donne une subvention annuelle et surtout met à sa disposition du personnel municipal (Lionel Tardif et son équipe sont rémunérés par la ville). Le public de la Cinémathèque, lui, peut devenir abonné (l’achat d’un abonnement donne droit aux tarifs d’entrée à prix réduit et au catalogue de la Cinémathèque), mais pas adhérent (c’est-à-dire qu’il n’est pas convié à l’Assemblée générale et n’a pas de droit de vote).

Entre 1991 et juin 2010 la Cinémathèque est gérée par l’Association Henri Langlois

Les séances ont lieu au Rex (cinéma rue Nationale), à l’Olympia (rue de Lucé) et parfois au Pathé (aujourd’hui CGR). Mais la fermeture du Rex puis celle de l’Olympia (qui sera transformé en théâtre et prendra le nom de Nouvel Olympia, aujourd'hui Théâtre Olympia) conduisent la Cinémathèque à faire ses projections au cinéma Studio à partir de 1997. Ce transfert vers les Studio est habilement arbitré par la ville de Tours qui tient à ce que les séances de la Cinémathèque soient transférées rue des Ursulines plutôt qu’au Pathé, qui a pourtant la préférence de l‘Association Henri Langlois.

À partir de 1997 donc, le public des Studio découvre la Cinémathèque et ses projections de films anciens. La Cinémathèque y gagne en visibilité et surtout en nombre de spectateurs. Le personnel que la mairie met à disposition travaille pour le compte de l’Association Henri Langlois et gère tous les aspects de la programmation et de l’organisation des projections.

En 2005, une nouvelle dynamique dans le fonctionnement de l’association permet aux personnes qui n’étaient jusque-là qu’abonnés, de devenir adhérents (et donc d’avoir le droit de vote et d’entrer au CA). Cette organisation se poursuit jusqu’au 30 juin 2010. Car à cette date entre en vigueur la loi de 2007 sur la modernisation de la fonction publique, qui ne permet plus la mise à disposition gratuite de personnel municipal au profit d’une association. Le personnel de la Cinémathèque (à l’époque Agnès, Elsa et Isabelle) ne peuvent donc plus travailler pour l’association. Pour préparer ce changement, plusieurs réunions de concertation ont lieu au sein de l’association, et des rencontres sont organisées avec les services de la mairie afin de décider quelle sera la meilleure solution pour pérenniser les activités de la Cinémathèque.

La Cinémathèque devient un établissement culturel municipal

La question est de savoir si l’association souhaite continuer à se charger de l’organisation des projections avec ses propres moyens (donc sans les trois agents de la ville qui travaillent pour elle) ou si elle préfère que la ville s’en charge ? La mairie propose de reprendre en régie les activités de la Cinémathèque et c’est cette solution qui est finalement adoptée lors du CA du 16 juin 2009 puis de l’AG du 15 décembre 2009, et enfin au niveau de la mairie par une délibération au Conseil municipal du 31 mai 2010.

N’ayant plus la charge de la Cinémathèque, l’association aurait pu disparaître. Mais plusieurs voix s’élèvent contre cette disparition et de nouvelles idées sont lancées : créer un journal (il prendra le nom de Cinéfil) et agir comme contre-pouvoir si l’existence de la Cinémathèque venait à être menacée. Par convention entre l’association et la ville, il est prévu que l’association et la Cinémathèque partageront le même local.

Depuis, l’Association Henri Langlois et la Cinémathèque sont donc deux structures différentes mais elles sont intimement liées en raison du local et surtout de l’histoire qu’elles partagent. En 2014, les deux structures lancent le festival Viva il cinema. Aujourd’hui, l’Association Henri Langlois se présente comme une association de cinéphiles. Elle continue à soutenir la Cinémathèque lorsque nécessaire mais elle a aussi une activité qui lui est propre : édition du journal Cinéfil et projections le dimanche matin au studio.

Quant au Studio, rappelons qu’il s’agit d’une structure associative indépendante, créée en 1963. Le cinéma Studio loue une salle à la Cinémathèque chaque lundi soir et depuis peu à l’Association Henri Langlois certains dimanches matins. Les trois structures, Studio, Cinémathèque, Association Henri Langlois sont donc bien trois structures indépendantes les unes des autres mais elles ont appris à travailler ensemble. Pour autant, espérons que ce texte permettra au public de la Cinémathèque, aux adhérents de l’Association Henri Langlois et aux abonnés des Studio de distinguer le rôle de chacune de ces structures.

 

Programmation et catalogue de la Cinémathèque

La programmation de la Cinémathèque est entièrement faite par l’équipe de la Cinémathèque, ce qui n’empêche pas cette dernière de recueillir les idées ou les envies du public et des membres de l’Association Henri Langlois. De même, le catalogue est rédigé et mis en page par l’équipe de la Cinémathèque avec l’aide d’étudiants qui participent à la rédaction des fiches de films lors de leur stage à la Cinémathèque. Certains membres de l’Association Henri Langlois apportent leur contribution à la rédaction du catalogue, qui est relu par Jean-Marie et mis en page par Elsa. Les noms de tous les contributeurs sont indiqués sur la première page du catalogue qu’il est possible d’acheter directement à la Cinémathèque.

Agnès Torrens

Cinéfil N° 60 - Février 2020