L’action du film de Michael Curtiz se déroule presque dans un lieu unique, le Rick’s Café, ce bar américain tenu par Rick Blaine, un homme amer et désenchanté, revenu de tous ses idéaux. Nous sommes en 1942 et, avec sa clientèle cosmopolite, le Rick’s Café est un raccourci étonnant du conflit mondial. S’y côtoient des policiers corrompus, des officiers nazis, des espions, des résistants, des réfugiés…

Lieu mythique s’il en est !

C’est oublier que le film a été entièrement tourné en studio et que le Rick’s Café n’a jamais existé dans la vieille Medina de Casablanca au moment où est tourné le film ! Et pourtant… Et c’est là que la réalité rejoint la fiction ! Une ancienne diplomate américaine, amoureuse fervente du Maroc, Kathy Kriger, décide d’ouvrir à Casablanca, après les événements du 11 septembre 2001, un Rick’s café ! Elle avait déjà trouvé le lieu idéal, un ancien ryad datant de 1930 et situé à l’entrée de la vieille Medina. Mais elle n’arrivait pas à trouver les fonds pour financer son projet. Elle eut alors une idée géniale ! Reprenant la phrase prononcée par Rick au moment où son ex-amante entre dans son établissement : « De tous les bars de toutes les villes du monde, il a fallu qu’elle entre dans le mien », elle adressa le courrier suivant à toutes les personnes susceptibles de l’aider à réaliser son projet : « De tous les bars de toutes les villes du monde, j’aimerais que vous investissiez dans le mien… » L’argent arriva à flots, la maison fut achetée et le directeur d’une banque, qui était un inconditionnel du film, lui accorda un prêt pour financer les travaux d’aménagement et reconstituer à l’identique le célèbre cabaret des Studios de la Warner. Kathy Kriger est décédée le 28 juillet 2018 mais le mythe continue au Rick’s Café de Casablanca, bar et restaurant de luxe qui accueille ses clients dans une ambiance orientalisée et bien entendu, musicale !

Catherine Félix

Cinéfil N° 60 - Février 2020