La première séance publique du cinématographe des frères Lumière eut lieu le 28 décembre 1895 à Paris. Cet événement fut immédiatement connu aux États-Unis où Thomas Edison, qui n'en était pas à sa première manœuvre douteuse, s'empressa dès le 23 mars 1896 de déposer à son nom le brevet du Phantascope (inventé par d'autres que lui) qu'il rebaptisa pour la circonstance Vitasvope, afin de barrer la route à ce concurrent potentiel. Les projections publiques du Cinématographe Lumière débutèrent le 18 juin 1896 à New York mais La Thomas Edison Company, alliée pour la circonstance à son concurrent Biograph, contraignit, par ses manœuvres et ses tracasseries à décourager les Français qui quittèrent les lieux en juillet 1897.

      Le cinématographe devenait, et pour longtemps, une industrie spécifiquement américaine.

      La Thomas Edison C° (et ses concurrents : Biograph, Selig, Lubin) commença à tourner dès 1896 et en 1898 elle filmera ''Scènes dans un bar de Cripple Creek'' (un saloon) premières images du monde du ''Far West''. Ses concurrents de la Biograph attendront 1902 pour filmer ''Cow-boy and the Lady'' images des cow-boys d'un ranch. Ces deux premiers ''documentaires'' sur la vie dans les territoires de l'ouest seront suivi de nombreuses autres bandes d'une ou deux bobines telles que ''Bucking Broncos'', ''Cow-boy and Indians Forfing a River in a Wagon'', ''Routing up and Branding Cattle'', ''Western Stage Coach Brush Between'', ''Cow-boys and Indians'', ''Cow-boy Justice'' tous datés de 1902 et 1903.

      Ces prises de vue sur le vif sont contemporaines de ce qui allait constituer l'univers mythique de la conquête de l'ouest et demeurent un témoignage historique de grande valeur. Pourtant ce genre de cinéma allait rester sans lendemain ! En effet, c'est un film de fiction, tourné à partir d'un scénario : ''Le vol du rapide'' de Erwin S. Porter en 1903 (produit par la Lubin) qui allait devenir le modèle du western, fournir l'archétype d'un genre et faire naître et croître la mythologie du Far West.

      Pendant un demi-siècle, le cinéma américain filmera la légende et non l'histoire (ce que justifiera John Ford dans ''L'homme qui tua Liberty Valence'' en 1961), laissant les journalistes, les photographes et les romanciers traiter de l'histoire. Il faudra attendre la fin de la seconde guerre mondiale et essentiellement les années 60 pour que ce genre, devenu universel, prenne enfin en compte les réels faits historiques fondateurs des territoires et des mœurs dans cette période de l'histoire des États-Unis.

      En France, après avoir vu les films de la Vitagraph, de la Selig ou de la Broncho, importés des Etats Unis, on se mit aussi à tourner des westerns, tout d'abord dans la banlieue parisienne puis en Camargue. Jean Durand les réalisait avec Joë Hamman en vedette. Ce dernier, qui avait travaillé plus d'un an dans des ranchs au Montana et avait connu Buffalo Bill, savait manier le lasso et tirer au revolver. Il possédait aussi un cheval, pur sang camarguais nommé Pieds Blancs, avec lequel il accomplissait devant la caméra les exploits habituels d'un cow-boy sans peur et sans reproche. Le genre disparut à la veille de la guerre.

      En ce qui concerne le cinéma américain, l'examen des westerns réalisés entre 1903 et 1946/47, dans leur quasi totalité, se déroulent dans un territoire parfaitement irréel, issu de l'imagination des scénaristes et porteurs des fantasmes d'une nation soucieuse d'oublier un passé somme toute peu glorieux au profit d'une mythologie entièrement construite autour de la gloire des pères, non pas fondateurs, mais pionniers. Ce qui aurait pu, du fait de la contemporanéité entre le cinéma naissant et la réalité, constituer une somme de documents historiques sur la vie réelle des colons américains du XIXème siècle, est devenu par la volonté des possesseurs des supports médiatiques de l'époque - presse, littérature, cinéma - une fabrique de rêves, porteuse d'un imaginaire manipulé et de fantasmes divers, soit l'exact opposé de ce que Lumière d'abord, puis Pathé et Gaumont, envisageaient pour cet art nouveau en envoyant leurs reporters filmer le monde de leur époque et en conserver la trace géographique et sociologique.

      Il est possible de voir dans ce glissement du système sémantique l'exploitation d'une certaine facilité de fabrication liée à l'organisation des productions cinématographiques et à leur coût : pas de déplacements, des acteurs corvéables, des histoires simples, Mais cela reste réducteur au regard de causes plus profondément enfouies dans l'inconscient collectif et liées à la nature psychanalytique du cinéma lui-même (le rituel de la projection) et aux tabous de toutes natures perdurant dans une société qui se jugeait sans ''passé historique''. La création volontaire d'un monde factice entraîna une fascination quasi universelle et firent du Cow-boy et de l'Indien les figures mythiques d'un monde primaire et juvénile.

      Dans le cinéma US, les westerns d'avant 1950 ne couvrent temporellement qu'une courte période de l'histoire des États-Unis, allant globalement de 1840 à 1900 (en gros celle de la conquête de l'ouest), soit pour illustrer cinématographiquement, de l'époque évoquée dans ''Caravane vers l'ouest'' (James Cruze, 1922) situé vers 1840 jusqu'à ''When the Daltons Rode'' (George Marshall, 1940) situé vers 1892. Géographiquement, les actions auront majoritairement pour cadre les territoires du Middle ouest, là ou n'existe pas encore d'Etats, loin des côtes, celles de l'est, bien sur, zone de la ''civilisation'', celles du sud, vers la Louisiane au caractère trop français et celles du sud-ouest où la frontière Mexicaine servira souvent de refuge aux malfrats voulant éviter le châtiment.

      Les thèmes exploités tournent essentiellement autour de deux axes : les exploits supposés des figures connues de l'ouest et les grandes épopées pionnières. Ces deux sources constituent très souvent la base des intrigues élaborées par les scénaristes, si les actions varient, c'est pratiquement toujours au mépris de la réalité historique. On prête des aventures fictives à des personnages gratifiés d'un statut de héros qui vont propager l'image d'un ouest où règnent la violence et le danger mais que contrecarrent la morale, l'esprit de conquête et le courage, le civisme et la loi.

      On y retrouvera donc Buffalo Bill, dont le premier film où il est le personnage principal date de 1907 : ''Vie de Buffalo Bill'' de Paul Penzer et qui demeure un personnage clé des films de cow-boy avec entres autres ''Une aventure de Buffalo Bill'' de Cecil B. DeMille en 1936, ''Buffalo Bill'' de William Wellman en 1944, ''Le triomphe de Buffalo Bill'' de Jerry Hopper en 1953. Davis Crockett apparaît aussi comme figure emblématique depuis le film de Baumann en 1919 jusqu'à ''Alamo'' de John Wayne en 1960 de même que les Frères James, Jesse et Frank, bandits charismatiques depuis le ''Jesse James'' de 1927 jusqu'à ''J'ai tué Jesse James'' de Samuel Fuller en 1949. Figureront aussi dans ce palmarès William H. Bonney dit Billy The Kid, sujet du film de King Vidor en 1930, ''Le Kid du Texas'' de Kurt Newman en 1947, James Butler Hickock dit Wild Bill Hickock personnage du ''Cheval de fer'' de John Ford en 1924 et de ''Dallas ville frontière'' de Stuart Heisler en 1950, Wyatt Berry Stapp Earp, shérif idéal dans ''Frontier Marshall'' de Allan Dwan en 1939, et dans ''J'ai épousé un hors-la-loi'' de Kurt Newman en 1948, etc, etc. La liste des héros de l'ouest, par ailleurs objets d'articles et de photos de presse, de romans, quand ce n'est pas de spectacles de music-hall (Buffalo Bill), n'est pas exhaustive ni les titres des films les concernant.

      C'est aussi le temps des cow-boys de fiction qui n'existaient que par le cinéma et faisaient de leur pseudonyme d'acteur un personnage récurrent de westerns : Bronco Billy (Bill Anderson) tournant de 1903 à 1915, Tom Mix (Thomas Edwin Mix) de 1911 à 1935, Rio Jim (William S. Hart) de 1914 à 1924, Hopalong Cassidy (William Boyd) qui eut la plus longue carrière s'étalant de 1926 à 1955, Buck Jones (Charles F. Gebhart ) acteur polyvalent (1926-1942) et qui devint un héros de films tournés entre 1935 à 1937 sous son propre nom. Il y eut même quelques cow-boys chantant comme Roy Rogers !

      Tout cela n'avait, bien entendu, que peu de rapport avec la vérité historique !

      Les films retraçant la grande épopée des convois de pionniers, traversant les grandes plaines de territoires encore sauvages, ou les ruées vers l'or parsemant l'histoire de l'ouest, aventures collectives sensées s'appuyer sur les documents d'époque pouvaient, pour beaucoup d'entre eux, faire preuve de grandes qualités cinématographiques et d'un lyrisme jubilatoire, mais ils ne s'approchaient que de façon anecdotique de la vérité. Ils ont toutefois contribué de façon indéniable à la légende du Far West et marqués à jamais la mémoire des spectateurs. Oublions un instant la vérité et revoyons encore ''La piste des géants'' (Raoul Walsh 1930), ''Les tuniques écarlates'' (Cecil B. DeMille 1940), ''Chercheurs d'or'' (Edward Buzzell 1940), ''La charge fantastique'' (Raoul Walsh 1941), ''La fièvre de l'or'' (Erle C. Kenton 1942), ''Arizona'' (Wesley Ruggles 1944), ''Californie terre promise'' (John Farrow 1946), ''Les conquérants du nouveau monde'' (Cecil B. DeMille 1947), ''La rivière rouge'' (Howard Hawks 1948), ''Le convoi des braves'' (John Ford 1950), ''L'expédition du fort King'' (Budd Boetticher 1952) entre autres...

      Des Indiens ? Non, point de héros chez les Peaux-rouges !
      Toujours en groupe, ils ne sont qu'un des aspects de la dangerosité du pays qu'il convient de surmonter ou de détruire, au même titre que les ours des montagnes, les serpents à sonnettes du désert ou les rapides de la rivière (''La chevauchée fantastique'' , John Ford 1939, ''Le massacre de Fort Apache'', John Ford, 1948).

      C'est ce cinéma-là qui va s'inscrire pour longtemps dans l'imaginaire des spectateurs du monde entier au point de susciter des vocations sur l'ensemble de la planète (et des copieurs dans les années 60 en Italie, en Espagne et même en France), l'univers factice d'un XIXème siècle américain ayant définitivement pris le pas sur la vérité historique.

      Tout change à partir de 1947/48, lorsque, dans le prolongement de la guerre mondiale, les producteurs d'Hollywood furent contraints de se positionner. Il leur fallut, tout d'abord rendre compte de leur attitude pendant la guerre, celle en Europe bien sûr (la majorité des patrons de studios étaient juifs) et celle du Pacifique (beaucoup d'acteurs et de réalisateurs avaient participé, à des titres divers, aux opérations de guerre) et justifier les comptes envers leurs banquiers. Une certaine naïveté du public avait disparu et les soldats revenus des différents fronts ne se reconnaissaient plus dans les caricatures que proposaient jusqu'alors le western (et pas seulement le western !). Il fallut aussi considérer les lndiens comme des citoyens à part entière du fait de leur comportement au combat - c'était d'ailleurs une recommandation dictée par le gouvernement lui-même - et retrouver des fondements humains à ce qui appartenait désormais à l'histoire avec un grand H, les horreurs de la guerre du Pacifique ayant marqué les esprits. Ils comprirent très vite que la génération d'après-guerre, nourrie de feuilletons et de violence, ne pouvait plus se contenter d'images stéréotypées dans lesquelles les bons pionniers britanniques, irlandais, allemands, hollandais, italiens, construisaient une nation à leur image sans se soucier ni des anciens occupants du pays, ni des anciens esclaves, ni de toutes les autres populations accrémentées, d'origine espagnole, mexicaine ou française. Les mouvements de la Beat-Generation (à partir des années 56) remettaient en cause les valeurs fondamentales qu'acceptaient tant bien que mal leurs parents. La guerre était trop proche pour que ses blessures n'entament pas la confiance des jeunes envers un passé si tumultueux. En 1961, l'engagement des États-Unis au Vietnam conduira implacablement à une révision générale des valeurs culturelles traditionnelles et rapprochera les boys américains des victimes de toutes les conquêtes sanglantes, y compris bien sûr, celle de leur pays..

      Le western, genre né du cinéma lui-même, va tout à la fois perdre son statut de miroir magique embellissant les années Far West puis, à partir des années 50 s'efforcer d'atteindre une vraisemblance et une crédibilité que les cinéastes chercheront en expurgeant la légende, de ses tares hollywoodiennes, en approfondissant la psychologie des personnages, en tentant, avec plus ou moins de justesse de reconstituer des images proches de la réalité des personnages, réels ou fictifs, en tentant plus ou moins bien, avec plus ou moins de justesse, de reconstituer les images de la véritable histoire de l'unification des États-Unis.

      Les temps des récits s'élargissent jusqu'aux frontières des grandes découvertes, et l'espace de temps béant entre le conflit avec les Mohicans (La dernière version du ''Dernier des Mohicans'' est celle de Daniel Mann en 1992) et la remontée du Mississippi est enfin exploité, par exemple en retraçant, avec le plus de réalisme possible les épopées de Daniel Boone (''Daniel Boone l'invincible'' de Albert C. Gannaway en 1957) qui, en 1769, ouvrit la Wilder Ness Road menant au ''pays de l'herbe et des forêts silencieuses'' où s'établirent les premiers pionniers venus de Nouvelle Angleterre (''Le vent de la plaine'' - John Huston 1960). On plonge dans les premiers temps de la colonisation (''Le géant du grand Nord'', Gordon Douglas, 1959, ''Le nouveau monde'', Terrence Malick 2005) et on touche au XXème siècle ( ''La horde sauvage'', Sam Peckinpah, 1969 ou ''Butch Cassidy et le kid'', George Roy Hill, 1969).

      La guerre d'indépendance sera évoquée dans ''Le patriote'' (Roland Emmerich 2000) ainsi que celle du Mexique (En toile de fond dans ''Vera Cruz'' (Robert Aldrich 1954) et sans les vrais motifs de la guerre dans ''Alamo'' (John Wayne 1960).

      Le western va en premier lieu élargir ses frontières temporelles et revisiter des événements se déroulant avant et après les années ''cow-boys'' d'avant-guerre (1840/1900). Les reconstitutions des villes ou des villages indiens s'effectueront à l'aide de décors visant le plus souvent une sorte de réalisme, les héros gagneront en complexité, la femme prendra une importance sociale accrue, et le sang deviendra visible. L'assouplissement de la censure générera aussi une recrudescence de la violence et laissera transparaître assez clairement les motivations sexuelles des protagonistes. Cette volonté de réalisme s'appliquera à toutes les sources d'inspiration où l'on retrouvera, certes, un certain nombre de thèmes traditionnels mais revisités par un regard nouveau. Si les cow-boys d'opérette ont quasiment disparu (sauf sous une forme parodique : ''La diablesse en collant rose'', George Cukor 1959, ou dans la comédie musicale : ''Les sept femmes de Barberousse'', Stanley Donen 1954), les grands réalisateurs savent toujours s'adapter et les grandes épopées deviennent enfin à peu près crédibles. C'est, dans le genre, l'expédition de Lewis et Clark dans ''Au-delà du Missouri'' de William Wellman en 1951 et dans ''La captive aux yeux clairs'' d'Howard Hawks en 1952, la grande épopée des Mormons dans ''Le convoi des braves'' de John Ford en 1950 et ''La route de l'Ouest'' d'Andrew McLaglen en 1967, la lutte des éleveurs contre les fermiers dans ''L'homme qui n'a pas d'étoile'' de King Vidor en 1955, le duel de Wyatt Earp et Doc Holliday contre la famille Clanton dans ''Règlement de compte à O.K. Corral'' de John Sturges1957 ou ''Tombstone'' de George Pan Cosmatos en 1993, la lutte des éleveurs de bovins contre les éleveurs de moutons dans ''La vallée de la poudre'' de George Marshall en 1958, la ruée vers l'or du Nevada et du Colorado de 1859 servira de décors à ''Coup de feu dans la Sierra'' de Sam Peckinpah en 1961.

      Curieusement aucun grand film n'a eu pour thème principal la guerre de Sécession ni avant ni après 1950, Pour cela, il faudra attendre la télévision pour qui plusieurs séries seront réalisées à partir de 1977 : ''Racines'', ''Les bleus et les gris'', ''Nord et sud'' etc). Par contre elle servira de contexte et de toile de fond à de multiples films de cinéma, à commencer, évidemment, par ''Le mécano de la Général'' (Buster Keaton en 1927) ou ''Autant en emporte le vent'' Victor Fleming en 1939. Après guerre Raoul Walsh tournera ''L'esclave libre'' en 1957, John Ford ''Les cavaliers'' en 1959, Sam Peckinpah ''Major Dundee'' en1965, Don Siegel ''Les proies'' en 1971, Clint Eastwood ''Josey Wales, hors-la-loi'' en 1976, Ronald F. Maxwell ''Gettysburg, la dernière bataille'' en 1994, Ang Lee ''Chevauchée avec le diable'' en 2002, etc.

      L'un des composants majeurs de cette nouvelle approche du western est naturellement la réhabilitation du Peau-Rouge. L'Indien ''non civilisé'', dans son rôle de protagoniste des films sur l'ouest, mais aussi et surtout dans son statut ethnographique, devient le représentant d'une culture panthéiste qui va s'avérer porteuse de valeurs écologiques dans laquelle une partie de la jeune génération US va puiser un certain nombre de modèles (Summer of Love des Hippies, mélange de naturisme et d'évasion dans les paradis psychédéliques sur fond d'écologie). Cette découverte va apporter aux Américains un éclairage nouveau sur l'histoire de leur pays (regard violemment combattu par les sphères conservatrices et religieuses) qui fera naître en eux un profond sentiment de culpabilité, ce qui jouera un rôle primordial dans la perception et l'évolution de la guerre du Vietnam.

      Les historiens du cinéma font remonter le premier film pro-indien à ''La flèche brisée'' de Delmer Daves en 1950, mais c'est oublier que quelques réalisateurs tentèrent auparavant de modifier l'image du Peau-rouge en lui restituant une civilisation et une culture. Ce fut le cas de ''Les tambours du désert'' de John Water en 1929, de ''Braveheart'' de Alan Hale en 1925 ou de ''Massacre'' de Alan Crosland en 1934  mais ils n'eurent ni échos ni suite. Par contre en 1949, Anthony Mann réalisa son premier western : ''La porte du diable'', remarquable portrait d'un chef indien revenu de la guerre de sécession qui se voyait spolier de tous ces droits. Le regard d'Anthony Mann était clairement pro-indien.

      Les Indiens ne seront plus jamais représentés à l'écran comme des sauvages sans culture ni morale, uniquement préoccupés de massacrer les malheureux pionniers. S'ils se livrent à des exactions, ce sera désormais par esprit de rébellion envers la société colonisatrice ou suite à des injustices et des mauvaises actions commises par des ''visages pâles'' cupides et cruels.

      Cochise, Geronimo, Sitting Bull vont trouver leur place dans l'histoire et nombreux seront les chefs indiens à représenter la dignité et la loyauté (même si certains seront aussi alcooliques – par la faute des trafiquants). Ce sera donc ''La captive aux yeux clairs'' (Hawks 1952) ''Bronco Apache'' (Robert Aldrich 1954) ''Au delà du Missouri'' (William Wellman 1951) ''L'aigle solitaire'' (Delmer Daves 1954) ''La rivière de nos amours'' (André De Toth 1956), ''La dernière caravane'' (Delmer Daves 1956), ''Le jugement des flèches'' (Samuel Fuller 1956), ''Les deux cavaliers'' (John Ford 1961), ''Les Cheyennes'' (John Ford 1964), ''Hombre'' (Martin Ritt 1967), ''L'homme sauvage'' (Robert Mulligan 1968) ''Willie Boy'' ( Abraham Polonski 1969),
''Little Big Man'' (Arthur Penn 1970) ''Le convoi sauvage'' (Richard C. Sarafian), etc.

      Tous ces films contribueront a apporter une vision ''régénérescente'' du mode de vie et de l'organisation sociale et politique des premiers habitant du pays.

      Cette recherche de réalisme se traduira aussi par des représentations nouvelles de l'habitat, des mœurs et des véritables enjeux économiques de l'époque. Les rues des villages vont devenir boueuses et les saloons se transformeront en bordels. Le cow-boy sera replacé dans son contexte social d'où il apparaîtra plutôt comme un travailleur agricole pauvre et illettré plutôt que comme le ''gun man'' sentimental des décennies précédentes. Le fier ''mustang'' qui lui permettait de chevaucher hardiment à travers déserts et montagnes s'effacera au profit du gros cheval de trait et des mules qui permirent réellement la conquête des terres de l'ouest. Les grands convois de chariots bâchés seront plus volontiers tirés par des bœufs.

      Notons aussi l'apparition du sang à l'écran, le genre, comme le reste du cinéma américain, se laissant gagner par les effets ''gore'' ! Jusqu'alors les balles, les flèches ou les tomahawks tuaient immanquablement mais laissaient peu de traces. La victime s'écroulait dans la dignité et passait l'arme à gauche dans un pathétique repentir ou pour permettre un dénouement moral. La volonté de s'approcher du ''vrai'' va faire jaillir le sang des blessures, les plaies seront béantes (''Les proies'', don Siegel, 1970) et la mort deviendra douloureuse et souvent inutile, quelques fois avec une exagération spectaculaire et gratuite (''La horde sauvage'', Sam Peckinpah, 1969). Cela est dans l'air du temps !

      L'armement utilisé dans la plupart des westerns fut souvent largement fantaisiste. Avant 1950, les revolvers tiraient sans discontinuer et chaque individu en portait une paire à la ceinture. Curieusement, c'est un des détails qui ne sera pratiquement pas modifié dans les films d'après guerre, ce jusqu'aux années 1970, et l'on continuera à doter les cow-boys de Colt ''Frontier'' appelés aussi Colt 45 (calibre) alors qu'il ne fut commercialisé qu'en 1878. Il coûtait alors entre 16 et 17 dollars sans compter le ceinturon et le Holster fabriqué le plus souvent sur mesure. Parfois on lui substituait avec plus de vraisemblance le Colt ''Walker'', (''Cent dollars pour un shérif'', Henry Hatthaway, 1969) commercialisé en 1847, d'un calibre 44 avec barillet à 6 chambres mais qui pesait 2 kg et mesurait 22,9 cm. Il était quasi impossible de le porter à la ceinture.

      En réalité les revolvers les plus répandus entre 1840 et 1890 étaient les anciennes ''poivrières'' dotées de plusieurs canons tournant manuellement autour d'un axe et qui dataient des années 1820. De nombreux modèles circulaient (''Rio Lobo'', Howard Hawks, 1970). On trouvait aussi à ces époques des Forsyth (''La vallée de la poudre'', Georges Marshall 1958) le Stingy Gun (''El Perdido'', Robert Aldrich ) ou le Derringer ne tirant qu'un coup. Mais il s'agissait d'objets de luxe réservés aux forces de l'ordre ou aux bandits.

      Le fusil était en fait beaucoup plus répandu car il était avant tout une arme de chasse. Les premiers modèles présents au cinéma sont des antiques ''Kentucky'', ''Enfield ''ou des ''Herper Ferry'' qui se chargeaient par la culasse et possédaient une amorce en silex (''La vallée des massacres'', Wallace Fox, 1953). Mais, dès lors que l'on rejoint le territoire mythique du cow-boy, on le dote de la Winchester, modèle 66 ou 94, capable de tirer 10 cartouches sans barillet, de calibre 44 mais ils ne furent commercialisés, pour le premier qu'en 1866 et pour le second... en 1894 (''Winchester 73'', Anthony Mann, 1950)... Quelques autres modèles apparaissent dans les films d'après 1950 : le ''Walker'' (''Jeremiah Johnson'', Sydney Pollack, 1972), le ''Springfield'' (''La Mission du commandant Lex'', André de Toth, 1952), le ''Spencer'' (''Impitoyable'', Clint Eastwood, 1992).

      Les archétypes utilisés depuis les débuts du genre sont toujours présents. Mais ils seront filmés avec davantage de précision comme des éléments de base d'un folklore revendiqué. Comme le reste, ils prendront petit à petit une épaisseur et une authenticité qui rendra les personnages parfois pathétiques, les instruments indispensables, les situations crédibles. On retrouve pèle -mêle : le joueur (tricheur ?) qui hante les bateaux à aubes sur le Mississippi (''Le gentilhomme de la Louisiane'', Rudolph Maté 1953 et ''L'ange des maudits'', Fritz Lang 1952), le bétail qui reste le signe de la réussite (''Je suis un aventurier'', Anthony Mann, 1953), le bison qui est en voie d'extinction par la faute des chasseurs blancs (''La dernière chasse'', Richard Brooks 1956) le bureau du shérif qui est le lieu de passage et de refuge (''Le désert de la peur'', Raoul Walsh 1951, ''Rio Bravo'', Howard Hawks, 1959) , la prostituée au grand cœur (''Duel dans la boue'', Richard Fleischer 1958, ''L'homme aux colt d'or'', Edward Dmytryk, 1959), la gare toujours annonciatrice de dangers (''Le train sifflera trois fois'', Fred Zinnemann, 1952) le train qui est vecteur d'aventures (''3h10 pour Yuma'', Delmer Daves 1958 et ''Le dernier train de Gun Hill'' , John Sturges,1959), la loi du lynch toujours appliquée par les éleveurs (''Quatre étranges cavaliers'', Allan Dwan 1954) Le café reste la boisson du cow-boy en déplacement et le whisky celle du saloon (Pratiquement tous les westerns)...

      La volonté de démythification est manifeste chez Sam Peckinpah bien sûr (tous ses westerns) mais aussi chez William Wellman (''Convoi de femmes'', 1950), chez Richard Brooks (''La dernière chasse'',1955) Anthony Mann (''Du sang dans le désert'' 1957) Arthur Penn (''Le gaucher'' 1958) Delmer Daves (''La colline des potences'', 1959) John Huston (''Le vent de la plaine'' 1960 ) John Ford (''L'homme qui tua Liberty Valance'', 1961), chez Gordon Douglas (''Rio Conchos'' 1964) Robert Altman (''John McCabe'', 1971) ou Budd Boetticher (''Qui tire le premier'', 1971).

      Ces années 1950/1960 vont nantir le western d'une nouvelle respectabilité, basée, cette fois, non sur un imaginaire plus ou moins mercantile, mais sur la recherche indéniable de racines communes et de valeurs réelles. Son cadre et ses personnages ont désormais acquis une valeur picturale et reconnaissable, transposable dans le monde moderne et suffisamment ancrée dans les esprits pour constituer une sorte de scène de théâtre universelle capable d'abriter des drames, des conflits et des préoccupations intemporelles. Certains réalisateurs vont se servir de ce cadre pour en faire le terrain stylisé de tragédies individuelles, épiques ou minimalistes, une représentation de la dramaturgie humaine débarrassée des contraintes géographiques ou historiques, comme une façon de retrouver les ressorts de la tragédie classique. Sans avoir recours aux auréoles douteuses des héros traditionnels et historiques, ce néo-western va tendre vers l'épure, se rapprochant parfois de la tragédie antique, devenant un moyen d'expression moderne, qui sera servi très souvent par des mises en scènes d'une rigueur et d'une rectitude digne du plus grand cinéma de série A.

      La plupart de ces films sont devenus des classiques, du western bien sûr mais surtout du cinéma tout court. Rappelons nous ''Rio Bravo'' (Howard Hawks 1958) qui joue de la règle des trois unités, ''Coups de feu dans la Sierra'' (Sam Peckinpah 1962), crépuscule d'une règle d'honneur, ''7 Hommes à abattre'', ''La chevauchée de la vengeance'', ''Comanche Station'' (Budd Boetticher 1956,1959 et 1960) où, avec les moyens les plus simples, uniquement par l'image, apparaissent des motivations humaines universelles , ''L'appât'' et ''L'homme de l'ouest'' (Anthony Mann 1953 et 1960) et la linéarité des parcours dramatiques, ''Le bandit'', Edgar G. Ulmer 1954), épure presque parfaite d'un destin inexorable, ''La prisonnière du désert'' et ''Les deux cavaliers'' (John Ford, 1956 et 1961) peintures amères d'une société sans repentance, ''Johnny Guitar'' (Nicolas Ray 1954) à la poésie sulfureuse, ''3h10 pour Yuma'' (Delmer Daves 1957) qui modélise un sens de l'honneur individuel, ''L'ange des maudits'' (Fritz Lang 1952), qui structure l'univers des hors-la-loi, et tant d'autres encore...

      Ce sont des leçons de cinéma qui donnent au genre ses lettres de noblesse et tissent la toile d'une véritable culture propre aux États-Unis.

      Mais cette évolution, cette approche objective de l'histoire, cette révision des fondements mêmes du pays, devenu première puissance mondiale, allaient sonner le glas du genre qui, pourtant, le représentait si bien. Les années 80 vont marquer la fin du western malgré quelques tentatives sporadiques pour le ressusciter (ce sera aussi le cas d'autres genres cinématographiques comme le film noir, le policier traditionnel ou la comédie musicale). Le western italien, avec sa désinvolture, a sans doute contribué à faire basculer la représentation de l'histoire de la nation US vers des territoires obscurs et malsains mais dans le cinéma américain lui-même, le fait d'avoir déchiré le voile du rêve, d'avoir cherché à élargir les frontières temporelles et psychologiques des valeurs communes chassait les mythes, en tant que représentations d'un imaginaire social civilisateur, sans leur redonner une valeur nouvelle. Les westerns dits ''modernes'' malgré leurs indéniables qualités cinématographiques, ont cessé de représenter la naïveté et la pureté de l'idéal originel. Et peut-être faut t-il également prendre en compte la surenchère mercantile de la violence et du sexe qu'un cinéaste comme Sergio Leone allait initier et que les différentes productions s'efforceront de surpasser pour, soi-disant, plaire au public . L'exagération – certains diront la stylisation - qui amena à cette ''re''vision du temps de la colonisation d'un pays (un temps si proche en fait car le monde des cow-boys n'a cessé d'exister qu'il y a peu, à peine 60 ans), dépeint cynique, cruel, cupide (Remarquez que dans ''Il était une fois dans l'ouest'' par exemple, tous les personnages ne sont animés que par l'argent), fit que le spectateur le trouva tout aussi factice que celui du beau Far West idyllique d'avant-guerre ! Dès lors, il ne suscitait plus aucune envie d'y être mêlé, ni de près – par le vecteur de l'écran – ni de loin – pour y retrouver des racines.

N.B. La liste des films cités comme exemples n'est, bien sûr, pas exhaustive, car il eût alors fallu nommer la quasi totalité des westerns réalisés depuis 1903. Chacun pourra la compléter avec ses souvenirs personnels.

Alain Jacques Bonnet

Quelques repères chronologiques pour une compréhension de la conquête de l'ouest. :

1512 : L'Espagnol Ponce de Léon remonte la côte Est de l'Amérique et découvre les territoires de ce qui deviendra la Floride, la Georgie, la Caroline du Sud et du Nord et la Virginie.

1539 : Exploration de l'Arizona et du Nouveau Mexique par Estevanico D'Azemmour dit '' Black Stephen'' et de la Californie par Francisco de Ulloa.

1564 : Colonisation de la Floride par les Français qui cèdent bientôt la place aux espagnols menés par Pedro Menandez de Aviles en 1565.

1584 : L'Anglais Walter Raleigh colonise les territoires de la Caroline du Nord .

1585 : Il fonde la première colonie anglaise de peuplement en Amérique du nord à Roanoke (actuelle Caroline du Nord)

1607 : Premiers établissements anglais sur la côte de Virginie (Histoire de Pocahontas et du Capitaine Smith)

1610 : Premiers conflits avec les indiens.

1611 : Le Français Etienne Brulé explore les territoires de La Pennsylvanie. Il ouvre la voie aux premiers coureurs des bois (trappeurs recherchant les fourrures) qui viennent du Canada, vont franchir les grands lacs et descendre vers le sud-ouest. La plupart étaient des Français : Pierre Esprit Radisson, Médard Chouart des Groseillers, Jean Baptiste Nicolas Perrot,

1619 : Les premiers colons hollandais arrivent sur les côtes des territoires actuels du
Delaware et du New Jersey.

1620 : Les premiers colons anglais (Pères Pèlerins) débarquent du Mayflower sur les côtes de l'actuel Massachusetts.

1622 : La tribu du chef Algonquin Pechacanough, en Virginie, attaque et massacre les colons anglais.

1633 : Les puritains anglais fondent les premières colonies dans l'actuel Connecticut.

1634 Jean Nicollet de Belleborne, trappeur installé chez les Hurons, va sur ordre de Champlain traverser le lac Michigan et découvrir les terres du Wisconsin (terre des indiens Puants) ainsi qu'une partie du Michigan actuel.

1637 : Les colons Anglais détruisent les Indiens Pequots habitant le long de la rivière Connecticut.

1638 : Fondation de la Nouvelle Suède sur territoire actuel du Delaware et de la Pennsylvanie.

1659 : Remontée du Saint Laurent par Pierre Esprit Radisson et Médard Chouart des Groseillers (son beau-frère) jusqu'au lac Huron. Cette exploration des terres septentrionales du Canada à la recherche de fourrures (ils iront jusqu'au lac Ouataouais, leur permettra d'assister à l'une des grandes fêtes des nations indiennes (dix-huit nations réunies).

1668 : Le Français Jacques Marquette colonise le territoire actuel du Michigan. (Celui-ci passera à l'Angleterre en 1763).

1670 : Colonisation de la Georgie par les colons anglais (territoire des indiens Creeks).

1673 : Louis Jolliet descend le Mississippi jusqu'à la rivière Arkansas
Guerre anglo/néerlandaise.

1682/1685 : René Robert Cavelier de la Salle fait construire les premiers fortins français au Texas et en Louisiane.

1689 : Le Texas est colonisé et intégré à la Nouvelle Espagne.

1699 : Colonisation française de la Louisiane (C'est-à-dire l'ensemble des territoires comprenant les états actuels de Louisiane, Iowa, Dakota du sud, Mississippi, Arkansas, Missouri et Illinois).

1712 : La Louisiane est cédée à Antoine Croizat, négociant de fourrures pour la Compagnie du Mississippi.

1713 : Traité d'Utrecht (11 avril) par lequel la France cède l'Acadie à la Grande-Bretagne.

1719 : Jean Baptiste Benard remonte la Rivière Rouge et explore les territoires de l'Oklahoma.

1738 Pierre Gauthier de Varennes explore les montagnes Rocheuses et les territoires du Montana et du Wyoming.

1748 : Fondation de la ''Ohio Company'', première véritable étape de la conquête des territoires de l'ouest.

1762 la France cède à la Grande-Bretagne le Canada et toutes les îles au large de Saint-Pierre et Miquelon.

1763 : Louis Jolliet et Pierre Marquette descendent le fleuve Mississippi.

1765 : Colonisation de la Californie par les Espagnols.

1769 : le 1er mai, Daniel Boone franchit la Cumberland Gap ouvrant la Wilderness Road menant au pays ''de l'herbe et des forêts silencieuses''. C'est le début de l'homme des bois – backwoodsman (vivant dans une cabane en rondins – logcabin). Il va explorer les territoires du Kentucky avant de devenir officier de la milice de la Virginie. Il finira sa vie en butte aux tracasseries de l'administration du Missouri qui le spolie sans aucun scrupule.

1768 : Gaspar de Portolà remonte les côtes de la Californie et s'installe à San Francisco.

1775 : Daniel Boone trace une piste sur les territoires du Kentucky.
L'Espagnol Bruno de Hécéda remonte jusqu'aux territoire de l'actuel état de Washington.
Le 19 avril, une milice de patriotes américains se heurte à un détachement anglais à Lexington et le défait. C'est le début de la guerre d'indépendance.

1776 : Le 4 juillet, la déclaration d'indépendance des États Unis de la Nouvelle Angleterre (colonies britanniques de la Côte est) rédigée par Thomas Jefferson.
Le 25 décembre George Washington bat les Anglais à Trenton (New Jersey).

1777 : le 11 septembre : Défaites des troupes américaines de Washington par Howe à Philadelphie.
Le 7 octobre ce sont les Anglais qui sont défaits à Saratoga.

1783 : Traité de Paris qui consacre l'indépendance des États-Unis d'Amérique (13 colonies fondatrices).
L'Espagne vend la Floride à la Grande-Bretagne.

1797/1798/1799 : Les frères Harpe (Mijicah et Wiley), des fous sanguinaires sévissent au Tennessee et au Kentucky qui sont alors des territoires sans administration. Après de multiples forfaits ils rejoignent le gang de Samuel Mason et prennent position dans une grotte surplombant la rivière Ohio (''Cave in Rock'' dans l'Illinois). L'une des activités de la bande était d'attaquer les convois fluviaux passant sur la rivière en les obligeant à accoster. Les voyageurs ainsi piégés ne sortaient pas vivant de leurs griffes.
En 1799, Mijicah fut blessé par balle et achevé au couteau par un trappeur lancé à sa recherche car il avait tué sa femme. Sa tête fut découpée et plantée sur un pieu. Wiley fut pendu à Greeneville dans le Mississippi en 1804 avec son acolyte Samuel Mason.

1800 : John Jacob Astor, un Allemand arrivé en 1784 devient le ''Roi'' du commerce de la fourrure, supplantant les Anglais de la Hudson Bay Company et de la North West, en vendant ses peaux aux Chinois à partir de Boston.

1803 : En Avril , Napoléon cède la Louisiane aux États-Unis (Voir 1699 : territoire de la Louisiane).

1804 /1806 : Merriwether Lewis et William Clark partent reconnaître les territoires inconnus (sauf des trappeurs) au delà du Missouri. Ils vont chercher un passage vers le Pacifique sans le trouver mais en annexant l'ensemble des terres allant jusqu'au Mississippi et en remontant jusqu'à l'état de Washington (1806). Ils accomplissent cet exploit avec l'aide précieuse de Sacajawea, femme indienne de la tribu des Lemhi (Shoshone) qui était alors l'épouse de Toussaint Charbonneau, un des guides de l'expédition.

1806 : Premières déportations de tribus indiennes. De 1806 à 1850, 50 tribus seront déplacées.

1811 : John Jacob Astor ouvre aux colons une nouvelle piste dans l'Oregon en remontant le Missouri vers le sud à la suite de Lewis et Clark. En 1840 toute la région deviendra la propriété de Marcus Whitman (concession cédé par le gouvernement américain).
Le 11 mars, création du premier bureau des affaires indiennes.

1812 : Déclenchement de la guerre avec l'Angleterre qui cessera en 1815 sans vainqueurs ni vaincus. Des troupes russes occupent le nord de la Californie.

1812 : La Californie devient mexicaine.

1820 : Les premiers pionniers s'installent sur des terres non cultivées dans les territoires du Middle Ouest.

1825 : La ''Vallée du père des eaux'' (à l'est du Mississippi) est atteinte par les convois d'immigrants. Le fleuve, aisément franchi, permet un peuplement sporadique mais continu jusqu'à la guerre de sécession.

1826 : Jedediah Strong Smith atteint la côte de Californie après avoir traversé les Rocheuses, la Sierra Nevada puis Le Grand Bassin pour remonter vers l'Oregon. Suite à une lutte avec un ours, il avait l'oreille arrachée et la joue déchirée jusqu'à l'os. C'est pourquoi il portait des cheveux longs.

1826 : Fenimore Cooper écrit Le dernier des Mohicans

1827 : David Crockett est élu représentant du Tennessee au congrès (il sera réélu plusieurs fois). Il défend les pionniers vivants sur les terres redistribuées après la guerre d'indépendance et souvent spoliés par les spéculateurs fonciers. Il est aussi un ami des Indiens dont il a partagé la vie (sa période de trappeur). Devenu par la légende journalistique un des symboles de l'Ouest américain, il sera tué en 1836 lors de la prise de Fort Alamo dont il avait rejoint les troupes de défense.

1830 : Reddition des tribus Séminoles en Louisiane.

1831: Christopher Houston Carson dit ''Kit'' l'ex-lieutenant de Edwin Young arpente les plaines du sud-ouest, de l'Arkansas à l'Arizona, comme trappeur (quelquefois en compagnie de Jim Bridger). Il devient guide de John C. Fremont pour une exploration de la South Pass (actuel parc de Yellowstone au Wyoming) puis de l'Oregon et du Nevada. Ils continueront ensuite vers la Californie (alors mexicaine) que Fremont veut faire devenir américain. En 1853 il est nommé agent fédéral pour les affaires indiennes au Nouveau Mexique.
Contrairement à certains récits journalistiques, il ne participa à aucune tueries contre les indiens, étant comme la plupart des anciens trappeurs, assez respectueux de leur mode de vie.

1834/1835 : John A. Murell (John A.), devient le chef du ''Clan Mystique'' regroupant des centaines de personnes de toutes conditions sociales. Il sévit sur les territoires du Tennessee, de Alabama, de Arkansas et de la Louisiane. Le clan, véritable mafia avant l'heure, pratique entre autres le vol, le trafic d'esclaves, le meurtre pour l'enrichissement de ses membres. Murrell arrêté en 1935 fut simplement condamné au bagne et mourut à sa sortie de prison en 1844.

1836 : Le 5 mars Fort-Alamo, où se sont retranchés les partisans de Samuel Houston, Président du Texas se voulant indépendant, est pris par les troupes mexicaines du Général Santa Anna.

1840 : Pierre Jean de Smet, un trappeur d'origine belge établi chez les Potowatomies, parcourt Les Rocheuses puis sert de négociateur entre les indiens Cheyennes et Sioux et le gouvernement américain qui voulait obtenir un droit de passage pour les convois d'émigrants en route vers la Californie (accord de fort Richie qui ne tint que quelques mois).
Les premiers bateaux à fond plat avec des roues à aubes, commencent à descendre et remonter le Mississippi et ses affluents.

1846 : Début de la guerre avec le Mexique. La Californie se déclare autonome et achète les territoires de l'Oregon à l'Espagne.
C'est l'époque des grands convois de chariots bâchés tirés le plus souvent par des bœufs, partis du Missouri et en route vers la Californie.

1847 : les Mormons, venus par convois, s'installent dans le bassin du Grand lac salé en Utah.
Le général mexicain Santa Anna est défait par les troupes de Zachary Taylor et de Jefferson Davis qui avaient passé le Rio Grande et envahi le nord du Mexique.
Le 14 septembre, la ville de Mexico n'a plus de défense : Santa Anna s'avoue vaincu.

1848 : Le 2 février par le traité de Guadaloupe, le Mexique cède aux Etats Unis ; le Texas, la plus grande partie du Nouveau Mexique, l'Arizona, la Californie, l'Utah, le Nevada, le Colorado et le Wyoming. (50% de leur ancien territoire).

1848 : La ruée vers l'or de la Californie entraîne un afflux massif de prospecteurs et a pour conséquence la destruction massive des Amérindiens (80% disparaîtront).

1850 : Jim Bridger découvre la ''Bridger Pass'' dans le Wyoming (Parc de Yellowstone)

1851 : les Sioux du Minnesota signent un traité qui les force à abandonner de vastes étendues territoriales que les colons transformeront en terres agricoles.
Sont ainsi crées les conditions d'une guerre avec les Indiens des plaines qui durera trente ans.

1858 : Première ligne de diligence reliant San Francisco à Tipton (Missouri). Le trajet s'effectue alors en 24 jours.

1859 Nouvelle ruée vers l'or et l'argent du Nevada et du Colorado qui provoquent un afflux important de pionniers.

1860 : Création du Pony Express.
Le 9 février Abraham Lincoln est élu Président des Etats Unis.
Le 20 décembre La Caroline du Sud fait sécession. Elle sera suivie par 10 autres états du Sud-est, allant du Texas à la Virginie.
Une révolte Navajo éclate au Nouveau Mexique. Les Indiens se rendent à Kit Carson mais Ils sont déportés à Bosque Redondo dans l'Arizona à 620 km de là. Au bout de 4 ans, victimes de sous nutrition et de malveillance, les survivants seront autorisés à revenir sur leurs terres.

1861 : Le 12 avril, les troupes confédérées prennent Fort Sumter, premier acte de la guerre de sécession.
Installation du télégraphe reliant les états du Pacifique à ceux de la côte atlantique d'ouest en est.

1862 : En pleine guerre de sécession, les Sioux du Dakota et du Minnesota entrent se révoltent.
La première ligne de chemin de fer transcontinentale est mise en chantier par la Pacific Railway. (Buffalo Bill est un des chasseurs chargés du ravitaillement des ouvriers). Une importante colonie chinoise est recruté pour cette construction.

1863 : Le 1er janvier, Lincoln signe la proclamation d'émancipation des esclaves.
Du 1er au 3 juillet, bataille de Gettysburg (51 000 morts).
Le 21 août, William Clarke Quantrill et ses guérilleros massacrent 142 habitants de la ville de Lawrence (Kansas) avant de la brûler.

1864 : Le 2 septembre, Sherman entre à Atlanta et brûle la ville. Le 16 novembre, il entame sa ''Marche vers la mer'', terrorisant la population, libérant les esclaves et brûlant tout sur son passage.
Les 29 et 30 novembre, le Colonel John Chivington, avec le 3ème régiment du Colorado, conduit une expédition punitive sur un village indien (Shoshones) à Sand Creek (Colorado). Il y aura 150 morts (hommes femmes et enfants). Après le massacre de Bear River en janvier qui fit 250 morts indiens) cette action provoque la colère de toutes les tribus indiennes qui dès lors vont entrer en guerre : ce sera la guerre des plaines qui va durer jusqu'en 1871.

1865 : Le 9 avril Lee signe la reddition des troupes confédérées.
Le 14 avril Lincoln est assassiné par John Wilkes Booth.
Le 10 mai, Quantrill périt lors d'une escarmouche avec une troupe de soldats unionistes.
Naissance du Ku Klux Klan au Tennessee.

1866 : Le Juge Roy Bean vend du Whisky et rend la justice près de San Antonio au Texas.

1867 : C'est l'époque où les grands éleveurs établis dans les territoires du Texas ou du Nouveau Mexique, font remonter leurs troupeaux vers le Kansas ou le Missouri afin de les transporter en chemin de fer et de les vendre sur la côte est. Des convois de filles de joie suivaient les migrations des grands troupeaux, allant de ville en ville, pour distraire les cow-boys.

1869 : Le 10 mai s'effectue la jonction des voies du chemin de fer transcontinental construites par L'Union Pacific et de la Central Pacific, à Ogden dans l'Utah.
En août John Wesley Powell explore les gorges du Colorado (Grand Canyon)

1870/1890 : C'est l'époque des grandes constructions de villages ruraux, célébrées par des fêtes et des danses. C'est l'apogée des propriétaires, éleveurs de bovins et de chevaux, employant dans leur ranch de nombreux cow-boys, et s'en prenant violemment à tous ceux qui entravent la pâture ou la migration des troupeaux : agriculteurs clôturant leurs terres, éleveurs d'ovins et autres trappeurs.

1872 : Les Modocs, Indiens du Nord de la Californie et du sud de l'Oregon, déplacés sur le territoire de leurs ennemis héréditaires (Klamath et Snakes) s'échappent et entrent à leur tour en guerre. Ils seront vaincus et déportés dans une réserve Quapaw en 1873.

En 1874/1875 : Guerre de la Rivière Rouge au sud des grandes plaines. Les Comanches, Kiowas, Cheyennes, Arapahos, affamés par la disparition des bisons, entrent en guerre contre les colons. Les Généraux Sherman et Sheridan mèneront la répression.

1876 : C'est la guerre des Black Hills (Dakota du Sud) menée par les Cheyennes et les Sioux suite à une ruée vers l'or dans ces montagnes sacrées. Crazy Horse gagne la bataille de Rosebud et associé à Sitting Bull et Two Moons (Cheyennes) celle de Little Big Horn (au Montana) où Custer de fait écraser.

1877 : Les Indiens Nez-Percés ayant vu leur réserve en Idaho se réduire au fil du temps de plus de 90% sous la pression des colons refusent d'y demeurer. Ils entrent en rébellion le 3 mai.

1878 : Suite à la bataille de Little Big Horn, beaucoup de Cheyennes en fuite sont capturés. 972 d'entres eux (hommes, femmes enfants) sont déportés du Colorado vers l'Oklahoma où ne supportant pas les rigueur du climat ils succombent en grand nombre à la malaria. Ils réclament le droit de regagner leur territoire du nord qui leur est refusé. 350 quittent alors leur réserve poursuivis par 13 000 soldats et volontaires civils. Ils se séparent en 2 groupes dont l'un atteindra le Montana et dont l'autre, rejoint par ses poursuivants, sera déporté et séquestré au Nebraska

1879 : Les Bannoks, Apaches du Nouveau Mexique et du Texas, se révoltent à leur tour et tuent 400 colons et soldats. L'un de leur chef, Geronimo, finira par se rendre en 1886.

1882 : Le 3 avril Jesse James est assassiné par Robert Ford à St Joseph (Missouri)

1889 : Le 3 février, assassinat de Belle Starr qui fut la maîtresse de Cole Younger. Elle était la patronne du ''Younger's Bend'' en Oklahoma, bien connu des malfrats de tous ordres.

1890 : Le chef Sioux Sitting Bull est tué au cours d'une arrestation préventive effectuée par crainte d'une révolte.
Le 29 décembre, les soldats du 7ème de cavalerie massacrent 250 indiens Sioux à Wounded Knee Creek.

1892 : le 5 mai, le gang Dalton est anéanti à Coffreyville au Kansas dans une fusillade avec les forces de l'ordre et la population suite à une tentative de hold-up de la banque locale.

1896 : Selon le recensement effectué, il ne reste que 250 000 Indiens, toutes tribus confondues sur le territoires des Etats Unis d'Amérique.

1908 : Le 3 novembre, mort présumée de Robert Leroy Parker dit ''Butch Cassidy'', pilleur de train et de banque, en Bolivie. Selon certains biographes il serait rentré aux États Unis après cette date et serait mort simplement de vieillesse.

1910 : Début de la révolution mexicaine le 20 novembre. Elle allait durer 10 ans.

Remarque : La plupart des événements répertoriés ci-dessus (hors ceux des XVIème et XVIIème siècles) ont fait l'objet d'adaptations cinématographiques ou ont inspirés de nombreux scénarios de Westerns.
À vous de les rapprocher des titres de films connus !!!!!!

Alain Jacques Bonnet