À Tours Nord, le royaume du cinéma est à la Médiathèque !

      La collaboration entre la Cinémathèque Henri Langlois et la Médiathèque François Mitterrand de Tours Nord se poursuit cette année avec un « cycle westerns ». Pas moins de quatre films à l'affiche, de La Chevauchée fantastique de John Ford au Grand silence de Sergio Corbucci, sont projetés gratuitement dans une salle spécifique de la médiathèque depuis mi-février et jusqu'au 20 mai. Sur le travail de cette institution autour du cinéma qui mobilise une équipe dynamique, nous avons voulu en savoir plus.
Rencontre avec Noëlle Glowacki, responsable du fonds audiovisuel de la médiathèque.

Aurélie Dunouau : Comment est née et s'est installée cette collaboration fructueuse entre la Médiathèque et la Cinémathèque ?

Noëlle Glowacki : J'entretiens des relations professionnelles avec Agnès Torrens et Elsa Loncle depuis longtemps (Noëlle était auparavant responsable de la production audiovisuelle à la bibliothèque des Fontaines), c'est donc naturellement que nous continuons ici ce travail depuis l'ouverture de la Médiathèque.
Il est bon de rappeler que la Cinémathèque de Tours est historiquement née au Beffroi*. Et Agnès cherchait un lieu pour délocaliser certaines projections, l'objectif était de diversifier le public mais aussi les films car ici nous ne pouvons projeter des pellicules (comme aux Studios) mais seulement des DVD. La projection de DVD est totalement appropriée dans cette salle de cinquante places. L'an dernier, nous avons ainsi proposé avec la Cinémathèque un cycle sur l'enfance au cinéma.

A.D :  Quel public assiste aux séances que vous proposez ?

N.G. : Dans l'ensemble le même que celui qui nous emprunte des DVD, mais il est vrai que des personnes habitant le quartier viennent spécifiquement pour les projections qui soulignons-le sont gratuites. C'est un public assez différent de celui qui fréquente les Studios. Pour les projections westerns, nous avons toutes les catégories, peu de retraités, quelques enfants, des étudiants, mais surtout des actifs car nous programmons des séances tardives, à 20h30, pour que les gens puissent se libérer plus facilement.

A.D. : Comment avez-vous, avec votre équipe, construit le cycle westerns proposé jusqu'au 20 mai ?

N.G. : L'équipe est constituée, outre Agnès et Elsa pour la partie Cinémathèque, de Sébastien Papet de la vidéo, d'Emmanuelle Jarry et de Céline Gitton de l'équipe d'animation, de Sophie Alain, directrice de la section image et son, enfin de notre directeur, Régis Rech, fan de westerns et incollable sur le sujet.
En premier lieu, pour lancer la programmation, nous avons proposé une exposition photos d'un artiste local sur les cow-boys de l'Oregon.
Nous proposons au total six films et chacun y a apporté ses envies. Personnellement, je souhaitais un film spaghetti, il fallait que ce dernier soit court pour répondre à nos conditions de projections, nous avons donc opté pour Le grand silence de Sergio Corbucci le vendredi 20 mai (interdit aux moins de 12 ans). Après, on a pioché dans la liste de Régis, le directeur, qui voulait un John Ford, ce fut La chevauchée fantastique .
Nous avons aussi choisi Le jardin du diable de Henry Hathaway (le 25 mars), un western moins connu. La Piste de Santa Fé de Michael Curtiz (à voir le 22 avril) est accessible aux enfants.

A.D. : Une idée de votre prochaine collaboration avec la Cinémathèque ?

N.G : Nous réfléchissons à un cycle sur le cinéma muet car les DVD de la collection « Retour de flamme » contiennent des perles.

A.D. : Les films que vous projetez proviennent de vos fonds ?

N.G. : Obligatoirement, et nous avons d'ailleurs une collection très importante. Nous possédons un fonds de 4000 DVD dont la moitié de fictions pour adultes et une quarantaine de westerns. Nous avons des collections qui n'existent pas ailleurs, évidemment des films de cinéphiles (Lubitsch, Truffaut, Mizoguchi...), et nous tenons à notre rôle de conservation et de diffusion de ce patrimoine du cinéma.

A.D. : Outre le cycle westerns, vous organisez des séances cinéma tout au long de l'année.

N.G. : Oui, tous les ans nous participons en novembre au mois du film documentaire. Nous participons aussi aux projections liées à l'actualité culturelle, nous répondons aux demandes des associations (ainsi en avril un documentaire sur les abeilles sera proposé par des associations environnementales du quartier). Certaines projections sont aussi réservées aux enfants, ados ou à des groupes.

Propos recueillis par Aurélie Dunouau

* Selon Agnès Torrens, « au moment de la construction du quartier de l'Europe, le Beffroi a été construit pour être un centre socio-culturel. Lionel Tardif, directeur de ce centre tout neuf, n'a pas tardé à organiser des séances de cinéma. Il y avait à l'époque plusieurs ciné-clubs à Tours et l'association des Amis de la Cinémathèque (française) qui invitait régulièrement Henri Langlois. Celui-ci venait avec des films appartenant à la Cinémathèque. Lionel Tardif lui a proposé de venir au Beffroi pour ses séances. Comme il n'y avait pas de salle destinée au cinéma, Langlois a fait envoyer un jour un camion plein de sièges de cinéma récupérés dans un cinéma parisien qui fermait. Ainsi est née (en 1973) la cinémathèque de Tours qui était à l'époque une antenne de la cinémathèque française. H.Langlois envoyait des copies pour les séances du Beffroi.