Les articles publiés dans les anciens numéros du journal
Quelques aspects du festival de La Rochelle - Session 2016
Le festival de cinéma de la Rochelle (du 1 au 10 juillet 2016) fut, comme à son habitude, riche de son éclectisme. Nous avons ainsi pu avoir le plaisir de voir des comédies italiennes à l’humour souvent grinçant (rétrospective Alberto Sordi), quelques œuvres documentaires de Frederick Wiseman, quelques chefs d’œuvre déjà consacrés du cinéma classique (Ordet de Dreyer, 1955) à côté de films plus récents (Le Mystère von Bülow de Barbet Schröder,1990) ou évoquant des problématiques très contemporaines (Fuocoammare, par-delà Lampedusa) au sein de la programmation «ici et maintenant» et en présence du réalisateur Gianfranco Rosi.
Hommage à Alexandre ASTRUC
Le 19 mai dernier, disparaissait Alexandre Astruc. Les hommages furent discrets. Et pourtant l'expression qu'il forgea en 1948 est une des plus célèbres de l'histoire du cinéma : la « caméra-stylo ». Peut-être est-il bon aujourd'hui de revenir sur cette expression, son auteur, son époque. Nous sommes en 1948, Alexandre Astruc a vingt-cinq ans. Il écrit pour Combat, côtoie Sartre, se passionne pour la philosophie (il co-réalise, avec Michel Contat, en 1977 Sartre par lui-même). Mais il appartient à cette génération de spectateurs qui découvre le cinéma dans les années 30 et plus précisément en 1936 : « j'ai vu tous les films du Front Populaire en 1936 » confie-t-il dans un livre d'entretiens à Noël Simsolo.
À propos de Plein Soleil : Alain Delon et ses doubles
Lors de la discussion qui suivit la projection de Plein Soleil, de René Clément, un spectateur fit remarquer que le thème du double et de l'usurpation d'identité sur lequel est bâtie l'intrigue de cette œuvre (tirée de Monsieur Ripley, de Patricia Highsmith) se retrouve dans un autre film dans lequel Alain Delon tient le rôle principal : Diaboliquement vôtre, co-production franco-italo-allemande réalisée par Julien Duvivier et sortie sept ans plus tard, en 1967. Delon y interprète en effet un jeune soldat de retour d'Algérie, Pierre Lagrange, qui endosse à son insu la personnalité d'un autre homme après avoir été rendu amnésique dans un accident de voiture provoqué par une femme. Laquelle, effectivement bien diabolique, lui fait croire qu'il est son mari alors qu'elle a assassiné ce dernier et compte ensuite se débarrasser de ce remplaçant malgré lui pour couler des jours heureux auprès de son amant...
Le sirtaki, un coup de kèfi
Il est de ces moments de félicité – très fréquents chez Alexis Zorba – qui, en grec, se nomment kèfi (1).
C’est précisément l’un de ces moments qui généra le SIRTAKI.
Ironie et fantômes : le cinéma de Manoel de Oliveira
Le cinéma de Manoel de Oliveira est hanté par les fantômes. Et c'est un dernier fantôme qu'il nous envoie par delà sa mort dans son film posthume, tourné en 1982, Les Visites ou mémoires et confessions. Par ce film, Oliveira revient visiter les vivants après sa mort. Ce film est un tombeau, non pas pour une personne mais pour un lieu, une maison que le réalisateur doit vendre pour payer des dettes. Il l'avait fait construire dans un style moderne par un architecte de renom, l'a habitée pendant quarante ans.
Sur le cinéma de Manoel de Oliveira
Douro, faina fluvial, tourné à l’âge de 19 ans en 1931 inaugure brillamment l'oeuvre de Manoel de Oliveira, qui se déploie, avec de longues interruptions forcées pendant l'époque salazariste, sur plus d'un demi siècle. Fasciné par la littérature romantique portugaise du 19e siècle, en particulier les romans de Camilo Castelo Branco, Oliveira est l'auteur de nombreuses adaptations cinématographiques, originales et inspirées, parmi lesquelles des chefs-d'oeuvre : Amour de Perdition, Le Soulier de satin et Val Abraam.
Biographie de Fellini par Benito Merlino
Collection Folio – Editions Gallimard
La biographie de Fellini par Benito Merlino ravira tous ceux qui veulent découvrir ou approfondir leurs connaissances concernant Federico Fellini et son œuvre. L’auteur, lui-même scénariste de courts-métrages et compositeur de musique de films et de chansons, est plus un passionné et un admirateur de Fellini qu’un spécialiste de cinéma. L’approche n’en n’est pas moins documentée et riche ; elle retrace toute la vie et la carrière de Fellini en les replaçant dans le contexte de l’histoire politique et sociale de l’Italie.
Orson Welles était Orson Welles
Orson Welles, une carrière d'une cinquantaine d'années entre le théâtre, la radio, le cinéma et la télévision.
Une œuvre riche et complexe, d'une créativité peu commune, innovante à bien des égards.
Un parcours tourmenté, jonché de conflits avec les sociétés de production… et sur le bord, des films ébauchés, inachevés ou perdus…
De Lea à La Terre des Saints ou la représentation de la réalité
Les Journées du Film italien de Tours qui se sont déroulées, cette année, du 2 au 7 mars, ont connu un véritable succès. Les amoureux de l'Italie, les cinéphiles et tous ceux qui aiment aller au cinéma se sont déplacés en masse et n'ont pas manqué ce rendez-vous désormais annuel dans notre ville. Parmi les films qui ont été programmés, il me semble important de revenir sur le dernier film de Marco Tullio Giordana, Lea, projeté pour la première fois en France, et sur le premier long métrage de Fernando Muraca, La Terre des Saints, prix du jury du Festival du cinéma italien d'Annecy en 2015. Les deux réalisateurs étaient présents et leur rencontre, après les projections qui ont permis à chacun de découvrir le film de l'autre, a créé l'événement.
A propos de Maurice Jaubert
Note de lecture : Marilyne Desbiolles Le Beau temps, roman, Seuil
Parmi les livres de la rentrée littéraire 2015, il en est un qui, sous la forme d'un roman, offre l'occasion d'une rencontre avec le cinéma : Le Beau temps. Son auteur, Marilyne Desbiolles est une romancière qui fait de Nice le centre de son inspiration. Cette fois elle présente Maurice Jaubert, par le nom d'un collège où la romancière intervient, et d'où elle part à la recherche de la personne. Ce roman est un « roman sans fiction » comme elle aime à définir ses livres. Elle assigne au roman la tâche de toucher la réalité, directement, par l'écriture et l'expérience de son auteur. Aussi ce roman biographique est-il un peu autobiographique. Le lecteur peut suivre le travail buissonnier de la romancière, lisant, cherchant les archives, regardant des films et à chaque fois prenant des notes pour construire son récit. Ces notes mêlent connaissances, interrogations de biographe et sensations. Le portrait qu'elle rend du musicien est sensible, presque amoureux.