Les articles publiés dans les anciens numéros du journal
Festival du court-métrage – Retours
Lundi 13 avril , à l'occasion de la sortie du livre que Donatien Mazany a consacré au Festival du court métrage de Tours, La Cinémathèque nous a permis de voir ou de revoir quatre courts métrages qui furent présentés en leur temps à cette occasion dont Le Sabotier du Val de Loire de Jacques Demy et Un Dimanche à Pékin de Chris Marker sur lesquels je souhaiterais revenir.
Entretien avec Alain Choquart
Q : Comment êtes-vous devenu chef-opérateur ?
Alain Choquart : J'étais un vrai accro de cinéma depuis ma jeune adolescence. Je m'occupais du ciné-club de mon collège depuis la classe de quatrième, puis au lycée. J'ai passé le concours d'entrée à l'école Louis Lumière l'année de mon bac, à 16 ans, et j'ai été reçu. J'avoue que je ne savais pas très bien ce qu'était le métier de chef-opérateur. On n'en parlait pas autant que maintenant. Aujourd'hui le public cinéphile est beaucoup plus averti sur les différents métiers du cinéma. J'adorais le cinéma, j'étais content d'entrer dans une école nationale de cinéma, mais je ne savais pas grand chose des différents métiers. C'est une école très intense où on faisait beaucoup de choses, ça allait de l'écriture de scénarios à l'analyse de films, à la pratique un peu hasardeuse quand même de la pellicule, parce qu'on dépendait de l'Éducation Nationale et le budget n'était pas énorme.
Hommage à Manoel de Oliveira
Rendre hommage à Manoel de Oliveira, c'est prendre conscience que l'histoire du cinéma change d'échelle. Qui que nous soyons, nous avons rencontré le cinéma de Manoel de Oliveira alors qu'il était dans sa maturité. Il nous faisait signe dans notre jeunesse depuis l'origine de cet art né avec lui. Je me souviens de 1993 et de Val Abraham. Cette adaptation de Madame Bovary semblait flatter la culture française mais Manoel de Oliveira avait eu l'audace d'avoir fait réécrire le roman par la romancière Augustina Bessa-Luis afin de l'accoutumer au climat portugais propice aux images du cinéaste, lequel allait magnifier Leonor Silveira dans le rôle d'Ema aux côtés de Luis Miguel Cintra.
Le cinéma en France pendant la grande guerre - 4ème partie
De mars 1917 à novembre 1918 !
En mars, le Service Cinématographique des Armées se réorganise et ce sont les militaires eux-mêmes qui prennent en charge les prises de vue de la guerre et en confient la réalisation à des professionnels du cinéma. Les films de propagande acquièrent une nouvelle dimension dans laquelle les autorités militaires, en premier lieu les généraux, n'hésitent plus à se laisser mettre en scène (Pétain goûtant la soupe, Visite de M. Clémenceau à Noyon ! Alfred Machin le 09 04 1917).
Leopardi comme une réponse aux temps présents
La nature demeure toujours verte, ou avance plutôt
Par de si longs chemins
Qu'elle semble immobile. S'effondrent les royaumes,
Passent nations et langues : elle ne voit rien,
Et l'homme se prévaut d'être immortel !
Le Genêt
Plus de 300 personnes ont assisté à la projection du film de Mario Martone, Leopardi, (Il giovane favoloso), un chiffre remarquable quand on sait que ce poète, bien que considéré en Italie comme le plus grand après Dante, est méconnu en France. De plus, vouloir raconter sa vie alors qu'il est mort à l'âge de trente-neuf ans sans avoir participé aux combats de son siècle, et sans qu'aucun fait marquant ne soit venu ponctuer sa courte existence, relève d'une gageure de la part d'un cinéaste qui entreprend de réaliser un ''biopic''. Or le charme a opéré et le film a donné envie à bon nombre de spectateurs de se plonger dans la lecture de ses œuvres.
Bertrand Tavernier : créateur éclectique
Il est très difficile de trouver une, ou même plusieurs, ligne thématique constante chez Bertrand Tavernier tant son œuvre se disperse autour de scénarios parfaitement hétérogènes. Cela traduit sans doute l'expression artistique de son indéniable amour du cinéma et, par conséquent, de son désir d'en exploiter toutes les facettes. Il a tout fait pour le septième art : de la critique, de la relation publique, de la production, du prosélytisme, des scénarios, et chapitre indispensable à toute déclaration d'amour, de la réalisation.
Un film dans son contexte : Capitaine Conan, Bertrand Tavernier 1996
Il y a presque 20 ans sortait le film de Bertrand Tavernier Capitaine Conan d'après le roman éponyme de Roger Vercel publié en 1934 et pour lequel il reçut le prix Goncourt.
Nous étions alors dans la deuxième moitié des années 90 dans un tout autre environnement géopolitique, géo-économique, culturel et intellectuel que celui que nous connaissons aujourd'hui.
Les Interviews de Cinéfil - Jean A. Gili
Porteur et chantre du cinéma italien
Alain J. Bonnet : Vous êtes le grand spécialiste français du cinéma italien. Pourtant vous avez débuté votre carrière de critique en écrivant sur le cinéma américain. Comment cette évolution s'est-elle accomplie ?
Jean A. Gili : Ça s'est fait par étapes ! Dans les années 50/60 le cinéma n'existait pas à l'université. Il n'est apparu qu'à la fin des années 60, début 70. Moi, je n'avais pas une formation universitaire dans le cinéma, ma formation universitaire est une formation d'historien. Le cinéma faisait partie de mes passions et mon objectif était de faire en sorte que ma qualité d'historien retrouverait le cinéma, ce qui s'est produit car si j'ai longtemps donné des cours d'histoire pure, petit à petit j'ai introduit le cinéma à l'intérieur de l'enseignement et en 1993, j'ai été nommé professeur à la Sorbonne dans le secteur du Cinéma.
Pot au feu de godillot et mocassin sur canapé - 2éme partie
The Party : Blake Edwards 1968
Quarante trois ans plus tard, loin des frimas polaires et des potées de galoches, Peter Sellers sous les traits d'un Indien, Hrundi V. Bakshi, en plein 1968, rejoue la dégustation du soulier. Entre temps, le cinéma a remisé les trappeurs et les lourdes pelisses d'ours, remisé aussi les dernières tribus indiennes. Les voyages ont agrandi le territoire et les vagabonds (tramp, tramp) à force de faire la route, ont fait émerger au bout de l'horizon l'Inde mystérieuse et lointaine. D'autres Indiens sont maintenant sur le devant de la scène. Les sages au calumet coiffés de plumes cèdent la place aux maîtres des philosophies orientales et les ragas du matin ou du soir estompent les chants sioux, cheyennes ou hopis... La non-violence fermente des résistances actives contre la guerre du Viet -Nam et d'immenses sittings ont lieu pour demander un monde plus juste et plus enclin à l'amour. C'est dans ce moment particulier où un peu partout souffle un air plus parfumé, plus sensuel, plus révolté que Peter Sellers vient promener sa nonchalante silhouette indienne.
La représentation de la mafia dans le cinéma italien
1° Au nom de la loi :
Le premier film qui aborde le thème de la mafia dans le cinéma italien est Au nom de la loi de Pietro Germi, film de 1949.
Nous sommes en pleine période néo-réaliste. Le cinéma pose alors un regard neuf sur la réalité politique et sociale d'une Italie, à la Libération. Alors que le cinéma de la période précédente, dite des téléphones blancs, était complètement coupé du réel afin de répondre aux exigences de la propagande fasciste et de l'ordre moral, les cinéastes du néo-réalisme prennent conscience du rôle qu'ils peuvent assumer dans cette société en ruine qui est à reconstruire. Ils voient dans leur art une forme d'engagement qui les pousse à tourner leurs caméras vers une réalité consternante dans le but d'agir sur cette réalité, de dessiller les yeux des spectateurs et ce dans une démarche citoyenne.