Les articles publiés dans les anciens numéros du journal
La musique au cinéma V - L'adresse aux spectateurs
Si la musique au cinéma permet au réalisateur d'exprimer ce que l'image ne peut montrer, comme les pensées qui animent ses personnages, les sentiments qu'ils éprouvent, les rêves qui les agitent, elle peut être également un moyen qu'il se donne pour s'adresser directement aux spectateurs comme pour réinscrire l'univers qu'il met en scène dans un discours qui le dépasse et le sublime.
Cinéma & Théâtre - 2ème partie : Un film parlé
En nommant en 2002 son film Un film parlé, Manoel de Oliveira veut insister sur son attachement à la parole, mais il veut aussi signifier qu'il ne suffit pas au cinéma d'être parlant pour rendre la parole. En effet, dès avant le cinéma parlant, l'éloquence est montrée. Cette éloquence constitue le travail du corps des acteurs qui soulignent de gestes la parole inaudible. Si le cinéma burlesque surjoue les attitudes, il prend son modèle plutôt dans les arts de la pantomime ou du cirque. Cela explique sa difficile survie dans le cinéma parlant.
Brève histoire du cinéma Indien des origines aux années 1970
Découvrir le cinéma indien est une plongée dans un fleuve sacré, tumultueux et luxuriant, porteur de richesses insoupçonnables, comme dans le Gange ou bien l'Indus. Les chiffres qu'il génère donnent le vertige à la mesure de son importance. Toutes productions confondues c'est plus de 800 films produits par an (certaines années plus de 900), c'est à dire plus de 30 000 films qui furent recensés entre 1913 et 2000, dont la plupart ont une durée supérieure à trois heures, pour satisfaire un public potentiel de 900 millions de spectateurs.
Les impressions d’une « festivalière »
Soirée d'ouverture des Journées du film italien aux Studio... L'angoisse étreint le cœur des organisateurs. Le public sera-t-il au rendez-vous ? Finalement il ne fallait pas s'inquiéter et tous les sièges de la grande salle des Studio sont occupés pour l'avant-première de Viva la Liberta de Roberto Ando avec Tony Servilio qui incarne les deux personnalités, diverses et complémentaires à la fois, de deux jumeaux. Le film est drôle et chaleureux en même temps qu'il permet de porter un regard critique sur le monde politique. Les rires fusent...
Cinéma & Théâtre - 1ère partie : Tous en scène !
« Théâtral » : l'adjectif employé pour le cinéma n'a rien de valorisant. Il dénonce pêle-mêle le jeu excessif des acteurs, leurs dictions apprêtées, l'artifice des décors, la trop grande prévisibilité de la narration, les mouvements appuyés de caméra ou au contraire sa trop grande fixité ; bref, tout ce qui entrave le plaisir cinématographique. Mais en disant cela, on comprend que l'affinité est aussi grande que le désir de se démarquer est fort. En voulant s'éloigner des conventions théâtrales le cinéma cherche son langage et sa spécificité. Qu'y-a-t-il dans le théâtre qui justifie une si grande proximité ? Deux facteurs essentiels se détachent : l'art de la scène et l'art de la parole, jouer et parler.
Les Interviews de Cinéfil - Charlotte Garson
La critique "Classe"
Le 13 janvier dernier, la Cinémathèque recevait pour la présentation des Amours d'une blonde de Milos Forman, la critique de cinéma Charlotte Garson. Fine, élégante et analytique plume, elle fait figure de référence dans le milieu, passée par les ''Cahiers du Cinéma'', aujourd'hui publiée dans la revue '' Études '' et diffusée sur France Culture dans l'émission ''La dispute'' d'Arnaud Laporte.
Visiblement toujours aussi ravie de venir à Tours, ''terreau cinéphile'', elle se dit impressionnée, à chaque fois, par la cinéphilie du public. Et nous avons été impressionnés par la qualité, la clarté et l'intérêt de son discours autour de la critique de cinéma, de la transmission et du cinéma en général.
Une production de 1915 : Un document d’histoire.
Sacha Guitry méprisa longtemps le cinéma. Si sa carrière théâtrale, en tant qu'acteur, débuta en 1904, ce n'est qu'en 1935 qu'il décida d'aborder cette nouvelle forme d'expression qu'il découvrit peut-être en 1931, lorsqu'on lui demanda de superviser une adaptation de sa pièce : Le blanc et le noir, mis en scène par Marc Allégret et Robert Florey (C'est dans ce film que débutèrent au cinéma Raimu et Fernandel).
Peut-être peut-on y voir aussi la découverte des possibilités du ''parlant'' forcément plus attirant pour un auteur de pièces de théâtre, qui plus est amateur de ''bons mots''.
Pourtant, Guitry avait eu une inspiration curieuse, bien plus tôt, en 1915, en s'emparant d'une caméra (muette bien sûr) pour filmer quelques vieillards célèbres. Ceux de chez nous allait alors devenir un document d'histoire.
La « voix-je » au cinéma
Programmer Le Roman d'un tricheur à la Cinémathèque c'est aussi souligner la place souvent méconnue qu'occupe son auteur, Sacha Guitry, dans l'histoire du cinéma, cette histoire souvent ré-écrite à l'aune de la culture américaine. Alors rendons à César ce qui appartient à César !
Le roman d’un tricheur ou l’art de la voix-off
« Le théâtre, c'est du présent. Le cinéma, c'est du passé. Au théâtre, les acteurs jouent. Au cinéma, ils ont joué »
Sacha Guitry, Le cinéma et moi, Paris, Ramsay, 1977, p. 87.
Sacha Guitry, écrivain, dramaturge, cinéaste, avait déjà porté à l'écran plusieurs de ses pièces de théâtre comme Pasteur, monté au Vaudeville pour la première fois le 23 janvier 1919 et adapté au cinéma en 1935 – avant de se lancer, en 1936, dans l'adaptation cinématographique de son unique roman, Mémoires d'un tricheur, publié un an plus tôt.
Sam Peckinpah : Le reflet sombre des États-Unis (Troisième partie)
Souvent poules, coqs ou dindons sont associés à l'enfance, toujours présente dans le paysage de la ruralité, éléments pourtant très éloignés des désirs d'un héros de Peckinpah, trop individualiste pour espérer ne serait-ce même que le sourire d'un enfant. Ceux-ci sont des témoins, observateurs et parfois victimes (New Mexico, La horde sauvage) des agissements des fous qui peuplent la terre. Mais l'innocence est terriblement ambiguë et l'enfant est aussi le primitif qui torture les créatures plus faibles (poules ou scorpion dans Coups de feu dans la Sierra, La horde sauvage) et reste indifférent aux rituels de mort (la balançoire avec la corde de la pendaison dans Pat Garrett et Billy le Kid, les jeux dans le cimetière dans Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia). Les enfants n'ont pas de frontières avec la mort, ils sont le cœur antique. Comme les femmes, ils ne peuvent être aimés que dans une utopie lointaine que les perdants n'atteindront jamais.