Il est des génériques de films qui nous ont marqué à tel point que c'est d'eux dont on se souvient à la simple évocation du titre. Le rideau se lève alors que les lampes de la salle s'éteignent et que sur l'écran, trois hommes vêtus de longs manteaux, à la mine patibulaire, armés s'avancent dans une gare déserte, au milieu de nulle part. Ils menacent le chef de gare, un vieux fou qui essaie vainement de leur vendre des billets de train. Pas de dialogue, mais des bruits naturels, amplifiés : un moulin qui grince, le vent qui souffle, une goutte d'eau qui tombe à intervalles réguliers sur un chapeau, un personnage qui fait craquer ses articulations, autant de notes d'une partition musicale originale que l'on identifie immédiatement. Le temps s'étire comme ce générique qui égrène sur ces images le titre et les noms des acteurs. Le train finit par arriver et passe sur la caméra : alors le nom du réalisateur, Sergio Leone vient s'imprimer sur le chasse-pierre de la locomotive. Nous sommes happés par ces images et ces sons qui ouvrent ce récit à la manière d'un conte revisité par un réalisateur italien amoureux de l'Amérique. Qui d'entre nous n'est pas retourné voir Il était une fois dans l'Ouest, plusieurs fois, rien que pour son générique ?