Les articles publiés dans les anciens numéros du journal
The Diary of a Housemaid - Renoir à Hollywood
Le paradoxe de Jean Renoir est d'être passé d'une grande vague patriotique - films en l'honneur de la France, du Parti Communiste - à un exil aux Etats-Unis, alors même qu'il avait appelé à rentrer en France ses camarades Duvivier, Clair et Feyder, partis faire carrière à l'étranger, car le pays avait « besoin d'eux ». Mais finalement, Renoir est toujours resté dans cet entre-deux, dans un style hybride entre critique du système américain et problématiques françaises. C'est à la suite du mauvais accueil de La Règle du jeu, que le public et les critiques ne comprirent pas, que Renoir se décida à quitter la France, après avoir hésité à renoncer au cinéma. Le cinéaste, souhaitant quitter la France occupée, fut accueilli le 31 décembre 1940 par Robert Flaherty à New York. Il tenta ainsi une nouvelle carrière aux Etats-Unis.
Mais comment son réalisme put-il être accueilli dans l'usine à rêve qu'est le cinéma américain ? Comment Renoir put-il s'accommoder des règles de fonctionnement d'Hollywood ?
La jeune fille à la balançoire ou du motif pictural au motif cinématographique
Il est toujours difficile d'être le fils de son père, surtout lorsqu'on se nomme Renoir et que l'un, Jean, aspire par le cinéma à partager la célébrité de l'autre, le peintre, Pierre-Auguste. Toute sa vie, le cinéaste Jean Renoir a vécu dans l'ombre de son père, avec le sentiment d'être un raté. Dans la Règle du Jeu, film de 1939, interprétant le rôle d'Octave, il confie à sa partenaire, Nora Gregor, sur le perron du château de la Ferté Saint-Aubin, ce lourd secret qui lui pèse et dont il ne parvient pas à se défaire. Boudé par le public, si ce n'est à l'occasion de la sortie d'un seul film, La Grande Illusion de 1937, il a le sentiment de ne pas être à la hauteur de ce père à l'égard duquel il nourrit un sentiment de culpabilité. On le mesure dans La Chienne, film de 1931, dans lequel Jean Renoir raconte la déchéance d'un employé de banque, interprété par Michel Simon, qui vend tous les tableaux qu'il peint à ses heures de loisir pour entretenir sa maîtresse, une femme de mauvaise vie. Cette fiction, malgré son issue tragique, n'est pas sans rapport avec la réalité que connaît Jean Renoir, lui qui a épousé Catherine Hessling, dernier modèle de son père et actrice de ses premiers films. C'est pour elle qu'il dilapide son patrimoine en vendant les tableaux de son père. Peine perdue. Le succès n'est pas au rendez-vous. Ainsi un sentiment d'échec et de honte va l'habiter toute sa vie et parcourir toute son oeuvre. Le souvenir de ce père dont il se sent redevable, le hante. Sur le tard, alors que sa santé déclinante l'oblige à une activité réduite, c'est encore à son père qu'il consacre son temps en écrivant ce merveilleux livre autobiographique qu'il intitule tout simplement : Pierre-Auguste Renoir, mon père.
L'hommage aux pionniers - Les Avant-gardes des années 20
Préambule :
La guerre de 14/18 a pris fin. Le monde en sort traumatisé par les huit millions et demi de morts dont un million et demi de Français.
Les survivants restent choqués, impitoyablement marqués par la grande boucherie. Les valeurs traditionnelles du XIXème siècle établies par les dynasties royales et le clergé sont ébranlées et seuls, les grands industriels échappent à la nausée collective.
A l'est, la révolution bolchevique suscite d'immenses espoirs chez certains, l'effroi chez d'autres. Mais chaque Français, chaque Allemand, chaque Soviétique, chaque Britannique, n'aspire plus pour un temps, celui de la décennie des années 20, qu'à la paix et à la joie de vivre.
La nuit du chasseur, de Charles Laughton, Ou Les Pièges du Malin
Le distributeur Wild Side vient d'éditer en coffret DVD et Blu-Ray, numéroté et limité, le film culte « La Nuit du chasseur » de Charles Laughton. La particularité et la richesse de cette édition tient au fait que le film, lui-même restauré, est complété d'une édition des 2 heures de rushs non utilisés par Laughton, par un CD de l'histoire du film raconté par Charles Laughton lui-même et par un livre d'analyse de Philippe Garnier.
A l'occasion de cette sortie exceptionnelle, nous vous proposons une interprétation de ce film par Lionel Tardif en reprenant le texte d'un exposé qu'il tint en avril 2012 à l'Université de Paris VIII.
Les interviews de Cinéfil - Des lycéens tournés vers le 7ème art
Ils ont 15-17 ans, et déjà ils écrivent, tournent, et montent des films ! Encadrés par des professionnels, ils passent cinq heures de leur semaine à étudier le cinéma sous toutes ses séquences.
Le lycée Balzac de Tours (et actuellement son professeur de l'audiovisuel Laurent Givelet) dispense une option cinéma reconnue et recherchée, qui, au fil des années, a vu passer comme élèves Antony Cordier, Alexis Guérineau, Manon Billaut, ... Il faut savoir que 60% des élèves environ continuent leurs études en cinéma après ce bac.
Les futurs grands noms du cinéma seront peut-être Manon Pelcerf et Alexandre Guy, lycéens en Terminale. Sympas, décontractés et passionnés, ils ont accepté de passer pour nous le grand oral : à savoir, nous présenter les grandes lignes de l'option cinéma à Balzac.
Les expositions de la Cinémathèque de Tours
L'envers du décor ...
C'est ce que nous donne à voir l'exposition « Tournages – Paris – Berlin – Hollywood », avec plus de 200 photos provenant de la photothèque de La Cinémathèque française et d'une collection privée ; la photo de l'affiche nous présente Myrna Loy et Clark Gable dans « Un Envoyé très spécial » de Jack Conway (1938) avec une caméra de reporter qui enregistre l'image et le son sur la même pellicule.
Mes souvenirs d'Henri Langlois (4ème partie)
4) Henri Langlois et la ville de Tours
L'inauguration de l'antenne de la Cinémathèque Française à Tours eut lieu en novembre 1972 au Beffroi, une tour de 10 étages au nord de la ville qui allait devenir le plus grand centre socioculturel de la cité avec ses 70 activités et une fréquentation de 3000 personnes par semaine. La salle de la Cinémathèque se trouvait au sixième étage et contenait 100 places assises.
Robert Siodmak, un Maître de la série ‘’B’'
Ayant, dans un premier temps, quitté l'Allemagne pour cause de nazisme, réfugié en France où il sera l'un des rares cinéastes allemands, avec Ophüls et Pabst, à avoir mené une seconde carrière, le voilà confronté en 1940 à la ''débâcle'' et à l'occupation du nord de la France (et donc de Paris) par les troupes allemandes. Il se trouve une fois encore contraint de fuir et s'envole vers les Etats-Unis où l'attend son frère, scénariste à Hollywood pour la Paramount et connu, par ailleurs, pour quelques romans de Science-Fiction.
Le Dernier des hommes - Murnau et l’expressionnisme allemand
Murnau, (Friedrich Wilhelm Plumpe de son vrai nom) est né en 1888 à Bielefeld au nord-est de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Après des études littéraires et artistiques brillantes, il part suivre en tournée le metteur en scène Max Reinhart. Il jouera quelques rôles sous sa direction et montera même quelques pièces avant de se consacrer au cinéma après la première guerre mondiale. Son cinéma se divise en deux périodes : une période allemande de 1919 à 1926 et une période américaine de 1927 à 1931. Il fait partie de ces cinéastes qui ont fui la politique allemande en allant se réfugier aux Etats-Unis (le plus connu d'entre eux étant Fritz Lang). Engagé à la Fox en 1926, il entame une carrière aux Etats-Unis avec L'Aurore qui est considéré comme un des plus grands chefs d'œuvre du cinéma muet. Il part en Amérique au moment où l'on passe du cinéma muet au cinéma parlant, mais Murnau restera toujours fidèle au muet.
Au commencement, la pellicule
A l'ère du numérique, il serait utile de rappeler que le cinéma est né d'un support argentique emprunté à la photographie : la pellicule. Bientôt elle aura totalement disparu des cabines de projection, remplacée par de simples galettes sur lesquelles une suite de chiffres tiendra lieu d'images. Il sera alors difficile au projectionniste, dans un élan fétichiste, de prélever sur la bande quelques photogrammes des actrices qui nourriront ses fantasmes les plus secrets. Bien au-delà de ces remarques empreintes de nostalgie c'est plutôt le témoin d'une histoire du cinéma qui va disparaître, une histoire déterminée par celle de la pellicule.