Les articles publiés dans les anciens numéros du journal
Barberousse d'Akira Kurosawa
Tout au long du film, le jeune Yasumoto, frais émoulu de l'école de médecine de Nagasaki, va s'initier à l'exercice de sa discipline et découvrir le monde de son époque (début du XIXème siècle sous le Shogunat Tokugawa) auprès de son Maître, le directeur de l'hôpital public d'Edo : Kyojo Niide dit Barberousse.
Au commencement, il y a le générique !
Il est des génériques de films qui nous ont marqué à tel point que c'est d'eux dont on se souvient à la simple évocation du titre. Le rideau se lève alors que les lampes de la salle s'éteignent et que sur l'écran, trois hommes vêtus de longs manteaux, à la mine patibulaire, armés s'avancent dans une gare déserte, au milieu de nulle part. Ils menacent le chef de gare, un vieux fou qui essaie vainement de leur vendre des billets de train. Pas de dialogue, mais des bruits naturels, amplifiés : un moulin qui grince, le vent qui souffle, une goutte d'eau qui tombe à intervalles réguliers sur un chapeau, un personnage qui fait craquer ses articulations, autant de notes d'une partition musicale originale que l'on identifie immédiatement. Le temps s'étire comme ce générique qui égrène sur ces images le titre et les noms des acteurs. Le train finit par arriver et passe sur la caméra : alors le nom du réalisateur, Sergio Leone vient s'imprimer sur le chasse-pierre de la locomotive. Nous sommes happés par ces images et ces sons qui ouvrent ce récit à la manière d'un conte revisité par un réalisateur italien amoureux de l'Amérique. Qui d'entre nous n'est pas retourné voir Il était une fois dans l'Ouest, plusieurs fois, rien que pour son générique ?
Des gros plans et de la mise en scène
En son temps Ingmar Bergman déclarait que "son rêve serait de pouvoir maintenir l'intérêt autour d'un visage pendant une heure et demie ou deux". Le réalisateur suédois avait son clan, ses comédiens et comédiennes de théâtre avec lesquels il travaillait régulièrement en parallèle de ses mises en scène cinématographiques. Ils partageaient avec lui une vie presque communautaire et de ce fait lui-même connaissait leur vie intime, avec leurs émois et leurs états d'âme.
Paroles de Cinéphile 2
Splendeurs et misères des Tourangeaux.
Avaient-ce été les oreillons, la rougeole ou la scarlatine ; en route pour la mer en ce début d'été, ma mère, mon frère et mes sœurs m'abandonnèrent, moi tout petit aîné, à Tours, pour les épreuves du BEPC des guéris.
Les Interviews de Cinefil : Noëlle Glowacki
À Tours Nord, le royaume du cinéma est à la Médiathèque !
La collaboration entre la Cinémathèque Henri Langlois et la Médiathèque François Mitterrand de Tours Nord se poursuit cette année avec un « cycle westerns ». Pas moins de quatre films à l'affiche, de La Chevauchée fantastique de John Ford au Grand silence de Sergio Corbucci, sont projetés gratuitement dans une salle spécifique de la médiathèque depuis mi-février et jusqu'au 20 mai. Sur le travail de cette institution autour du cinéma qui mobilise une équipe dynamique, nous avons voulu en savoir plus.
Rencontre avec Noëlle Glowacki, responsable du fonds audiovisuel de la médiathèque.
Un peu d'histoire du Cinéma dans le Japon de l'après-guerre
C'est le succès de Rashomon d'Akira Kurosawa au festival de Venise en 1951 (Lion D'or) et l'attribution de l'Oscar du meilleur film étranger la même année à Hollywood, qui allaient faire connaître l'existence du cinéma japonais tant aux États-Unis qu'en Europe. Voilà que soudain le cinéma de qualité ne s'avérait plus uniquement européen ou américain et qu'il pouvait exister ailleurs des artistes sachant utiliser une caméra pour s'exprimer, plaire au public occidental et donc obtenir du succès. Ce qui paraît évident aujourd'hui ne l'était pas après la guerre. Ces premières récompenses qui entérinaient la valeur du cinéma japonais et son importance mondiale, allaient se multiplier dans les années suivantes avec les attributions en 1952 du Prix International de Venise à La vie d'Oharu, femme galante de Kenji Mizoguchi, à Venise encore le Lion d'argent obtenu par Les contes de la lune vague après la pluie en 1953, film également réalisé par Mizoguchi, puis avec la même récompense accordée à : Les Sept Samouraïs de Kurosawa l'année suivante en 1954, cette même année voyant le Grand Prix de Cannes attribué à La porte de l'enfer de Teinosuke Kinugasa.
Fragments pour une histoire du cinéma : Retour sur Erich von Stroheim
La Cinémathèque a projeté le mois dernier Folies de femmes réalisé par Erich von Stroheim en 1921, dans un silence d'aquarium perturbé par quelques ronflements d'un spectateur qui s'était trompé de film ou quelques ricanements nerveux de jeunes gens que l'absence de son troublait..
Certes apprécier aujourd'hui un film de ce cinéaste que Jean Renoir considérait comme un de ses maîtres relève de la gageure: c'est comme se satisfaire de la bande annonce pour juger un film. Neuf heures à l'origine réduites à 1h30 aujourd'hui ! Et pourtant ! Ces coupes sauvages, imposées par des contraintes commerciales dès la sortie du film, n'entament pas le génie de ce cinéaste dont le seul tort est d'avoir été incompris par Hollywood parce que trop en avance sur son temps.
Coup de blues : Des images sans conscience
"L'espèce humaine vit sous une sorte de régime d'empoisonnement interne... Ce n'est pas un monde que j'aime"
Je trouve une résonance profonde avec l'une des dernières déclarations de Claude Lévi-Strauss qui considérait la télévision bien "primitive" et mon ressenti actuel sur ce que laissent les images. C'est comme si les "créateurs" d'aujourd'hui voulaient inoculer leur propre pus dans les veines du spectateur lambda. Réduire la vie humaine à sa dimension finie et matérielle conduit l'humanité à nier son principe essentiel et l'amène de ce fait à l'autodestruction.
Cela se traduit, dans le propos qui me préoccupe ici, à être un spectateur passif de la négativité la plus absolue en matière d'images : Meurtres, tueries, pornographies, viols, scatologies, destructions, haines, vengeances sanguinaires, etc, etc...
Les interviews de Cinéfil : Cours de culture asiatique avec Charles Tesson
Charles Tesson est une des plumes des Cahiers du Cinéma depuis plus de 30 ans, avec un passage à la rédaction en chef de 1998 à 2003. Une de ses plumes raffinée, sensible et cultivée.
Professeur d'histoire et d'esthétique du cinéma à la Sorbonne-Paris 3, il est aussi l'auteur d'ouvrages références tels "Luis Bunuel", "Akira Kurosawa", "Abbas Kiarostami", ''Made in Hong-Kong'' (co-écrit avec Olivier Assayas) ou encore ''Satyajit Ray'' (tous publiés aux Cahiers du Cinéma).
Invité justement à présenter « Le salon de musique « de Satyajit Ray le 25 janvier dernier à la cinémathèque, nous avons profité de sa venue pour recueillir quelques pans de ses connaissances sur le cinéma asiatique.
Un « drôle de drame » !
Un Carné / Prévert comique ! Bizarre, Bizarre ! Vous avez dit Bizarre, Bizarre !..
Dans un décor de contre-plaqué, de vrais grands acteurs jouent un vaudeville boulevardier qu'auraient, sans aucun doute, beaucoup apprécié Labiche et Courteline...
Une farce comico-perverse, où les protagonistes pratiquent le mensonge comme ils boivent du lait ou du whisky, en vertu des principes de classe et du paraître allant avec. Une histoire british superbement adaptée à la langue française par les maîtres joailliers des images et des mots, le tandem, alors inoxydable, Carné / Prévert...
Quelques ''grandes gueules'' de l'époque venues du théâtre, du music-hall et du cinéma, certains des trois à la fois, s'affrontent dans la démesure d'un jeu grand-guignolesque désopilant dont ils ont le talentueux secret...