Les articles publiés dans les anciens numéros du journal
Un six coups et deux temps au Far West
La première séance publique du cinématographe des frères Lumière eut lieu le 28 décembre 1895 à Paris. Cet événement fut immédiatement connu aux États-Unis où Thomas Edison, qui n'en était pas à sa première manœuvre douteuse, s'empressa dès le 23 mars 1896 de déposer à son nom le brevet du Phantascope (inventé par d'autres que lui) qu'il rebaptisa pour la circonstance Vitasvope, afin de barrer la route à ce concurrent potentiel. Les projections publiques du Cinématographe Lumière débutèrent le 18 juin 1896 à New York mais La Thomas Edison Company, alliée pour la circonstance à son concurrent Biograph, contraignit, par ses manœuvres et ses tracasseries à décourager les Français qui quittèrent les lieux en juillet 1897.
A propos du cinéma : Les échecs au cinéma
A l'occasion du cycle consacré à Satyajit Ray, le film « Les joueurs d'échecs », constitue indirectement un hommage au jeu d'échecs, dans la mesure où ce jeu est originaire des Indes. Les parties d'échecs jouées par les deux amis, indifférents aux évènements qui se déroulent autour d'eux, servent de contrepoint au récit historique qui oppose le roi d'une province de l'Inde au représentant de la couronne d'Angleterre.
Fragments pour une histoire du cinéma
Le plaisir du voir sans être vu - Le spectateur-voyeur
La Cinémathèque française organise actuellement une rétrospective Hitchcock et la Cinémathèque de Tours a présenté deux de ses premiers films période anglaise pour clore l'année 2010. C'est l'occasion d'aborder la notion de voyeurisme au cinéma, ce thème de la pulsion ''scopique'' traversant toute l'œuvre d'Hitchcock. La cinéphilie est directement décrite comme « le goût pervers du voyeurisme » par Michel Marie.
Les Interviews de Cinéfil : Louis d'Orazio, éclaireur du cinéma italien
Louis d'Orazio promène sous son chapeau distingué son sourire poli et sa générosité chaleureuse. Disponible alors que dans quelques minutes il va présenter pour la Cinémathèque ''Nous nous sommes tant aimés'' d'Ettore Scola. Devenu un peu par hasard, dit-il, le spécialiste du cinéma italien à Tours, ce professeur de cinéma au lycée Balzac pendant 8 ans s'est coulé dans ce rôle avec modestie mais avec passion et sait savourer chaque instant de cinéma.
Brève histoire du cinéma hongrois
L'histoire nous apprend que le cinéma s'exporta dans le monde entier très tôt après son invention comme si l'appareil des frères Lumière répondait à une nécessité universelle. En Hongrie, la première séance de cinéma eut lieu dans un ancien magasin de chapeaux, à Budapest le 13 juin 1896. Elle était due à l'initiative d'un marchand de tableau appelé Arnold Sziklaï qui, en visite à Paris début 1896, avait assisté à une projection des films '' Lumière'' sur les grands boulevards. Il fut si enthousiasmé par ce spectacle qu'il voulu à tout prix ramener chez lui un appareil de projection, ce que refusa Louis Lumière, mais qu'il se fit confectionner par un artisan de Lyon nommé Manoussen. Cette première ''salle'' de cinéma fut très vite concurrencée par un grand café de Budapest, le Velence, qui faisait tourner des petits films pris sur le vif par quelques salariés (restés inconnus à ce jour) pour les projeter en boucle à ses clients. Le succès aidant, naissait en 1898, soit 2 ans après l'importation du cinéma, la Projectograph, 1ère société de production cinématographique hongroise. Ses fondateurs en étaient Mor Ungerleilern le directeur du Velence et Jozsef Neumann, un homme d'affaire.
Les Interviews de Cinefil : Jean Douchet
Jean DOUCHET - Le passeur
Le personnage Jean Douchet en impose. Un physique de monument théâtral, large carrure et longue crinière blanche. Une personnalité hors normes, modestie et accessibilité en prime. Celui que l'on surnomme le « Socrate du cinéma » parce qu'il accouche le sens des films aux yeux des spectateurs, a traversé la nouvelle vague et la période Cahiers du cinéma aux côtés des Rohmer, Chabrol, Godard, Truffaut, Rivette, etc., avant de former les cinéastes d’aujourd’hui à l’IDHEC puis à la FEMIS. Enseigner : son rôle préféré, lui qui s'est assez peu frotté à la réalisation (1 seul long métrage à son actif : une commande). Nous l'avons rencontré à l'occasion de sa venue à Tours le 22 novembre lors d’une soirée en hommage à Eric Rohmer.
Le coup de pinceau d’un cinéaste : Éric Rohmer
Cinéma et peinture
Il se tient en ce moment à Paris une exposition sur la querelle des coloris en France à la fin du XVIIe siècle. Cette querelle opposait les partisans du dessin (Poussin) et ceux de la couleur (Rubens). Or, il est intéressant de réfléchir sur les films de Rohmer par cette approche. En effet, Jacques Aumont dans L’œil interminable a bien montré l’importance des liens entre la peinture et le cinéma, mettant en lumière notamment l’équivalence de cette querelle du XVIIe siècle avec le cinéma au XXe siècle, entre ceux qui réclament la couleur et ceux qui la rejettent totalement, la considérant comme impure, désorientant l’objectif principal du cinéma qui est la reproduction stricte de la réalité.
Les cauchemars d’Alfred HITCHCOCK
En exaltant l’art du récit déployé par Alfred Hitchcock : sa science des éclairages (influencée d’évidence par l’expressionnisme allemand qu’il fréquenta de près en 1930), sa manière de ne tourner que des petits bouts de scène pour conserver la maîtrise du montage, son apport au scénario – travail sur le ‘’méchant’’ - utilisation du fameux ‘’MacGuffin’’, sa façon de faire de la caméra l’acteur principal face à un spectateur soumis et culpabilisé, sa pratique du Story Board, etc…, on découvre facilement ses thèmes récurrents.
Hommage à Marcel Carné
Marcel carné fait partie de ce petit nombre de réalisateurs qui ont fait reconnaître le cinéma comme un Art, au même titre que la peinture, la littérature, la sculpture.
Pour le situer à sa place, il faut d’abord savoir ce qu’était le cinéma à l’époque et aussi ce qu’était l’époque. Et ne pas oublier que le terme exact est ‘’cinématographe’’ c’est-à-dire « écrire avec la lumière ».
Un film de Prévert mis en images par Carné ?
Dès son troisième long métrage, Quai des brumes en 1938, Marcel Carné est responsable des plus éclatants succès du cinéma français d'Avant-Guerre et de l'Occupation. Pourtant ses succès s'accompagnent de débats et de remises en cause qui relativisent sa réputation. D'abord les producteurs trouvent ses exigences financières trop élevées pour son âge ! Cela incita le réalisateur à cacher son âge ; les dictionnaires le font naître en 1909. Mais c'est face à la censure que les vexations sont les plus grandes. Le gouvernement de Vichy, relayant les méfiances du gouvernement Daladier, accuse Quai des brumes d'être responsable de la Débâcle, le censure ainsi que Le Jour se lève ; et quand il décide de les autoriser, les cisaille. Puis enfin La Nouvelle Vague, et surtout François Truffaut, en fera une de ses cibles favorite : « des films de Prévert mis en images par Carné » dira-t-il.