Les articles publiés dans les anciens numéros du journal
Mes souvenirs d’Henri Langlois (5)
Le départ d'Henri Langlois
1976 allait être ma dernière année d'une collaboration fructueuse avec Henri Langlois, faite de respect et d'estime de part et d'autre. Personne n'imaginait que la mort le guettait et pourtant... Henri n'avait aucune hygiène de vie. Il fumait beaucoup et mangeait énormément, sans retenue et sans discernement. Il dormait peu et passait plus de quinze heures par jour assis à visionner des films ou composer des programmations. À travers les perspectives qu'il me proposait, soirées inoubliables, festival sous l'égide des plus grands noms du cinéma, il me faisait rêver et oublier la réalité brutale qui sautait pourtant aux yeux.
A Chaillot eurent lieu quelques soirées fabuleuses comme celles où Orson Welles venait faire des enseignements sur le cinéma où celles encore avec Jean Renoir et Roberto Rossellini.
Josef Von Sternberg : Le démiurge et ses femmes-araignées (extraits)
(...)
Marlène Dietrich sera tout à la fois l'égérie fantasmatique de ces projections subconscientes et l'archétype de ces femmes araignées, évoluant de film en film pour atteindre une intensité maximale à l'issue des sept films tournés ensemble, lorsque le Pygmalion et sa Galatée parviendront aux termes de leurs rapports, dans L'Impératrice Rouge et La femme et le pantin. D'autres actrices seront ensuite choisies pour incarner cette même image, toute aussi fascinante, semblable et complémentaire : Gene Tierney et Ona Munsun (The Shanghai Gesture) ou Akemi Negishi (Saga of Anatahan)
Les interviews de Cinéfil - Michel Gautier
Acteur de passage
Acteur pour Jacques Davila, la carrière cinématographique de Michel Gautier fut éphémère, totalement liée à celle de son ami réalisateur. L'amitié fut son moteur pour jouer dans « La campagne de Cicéron », film inclassable surgi en 1988, aux dialogues savoureux et tout en nuances, ce qui lui a valu les louanges d'Eric Rohmer.
A l'occasion de la soirée Cinémathèque du 29 avril dernier, Michel Gautier se souvient de ce film, du tournage, de cette époque, avec un plaisir évident. Et parle de sa place avec humilité.
Cinéma et littérature : liaisons heureuses ? (Seconde partie)
L'adaptation littéraire dans le cinéma d'après-guerre
Les intellectuels reviennent vers le cinéma et des noces heureuses semblent s'annoncer. Cocteau adapte pour Bresson un extrait de Jacques le fataliste de Diderot pour Les Dames du Bois de Boulogne, Giono signe un contrat se réservant l'exclusivité de l'adaptation cinématographique de son oeuvre romanesque, puis Alain Resnais sollicite Marguerite Duras (1959) et Alain Robbe-Grillet (1961) pour écrire des films. En 1954, André Bazin écrit : « le problème de l'adaptation romanesque domine l'évolution esthétique de l'après-guerre. » Et dès 1948, Alexandre Astruc avait annoncé que « le cinéma était entré dans l'âge du scénario » et que la caméra était un stylo.
Le chemin d’accomplissement du cinématographe Bressonien
La saison dernière, la Cinémathèque de Tours a diffusé Le Journal d'un curé de campagne (1951), film que Bresson réalisa avant Pickpocket (1959) et qui posa déjà les grandes réflexions du réalisateur sur le cinématographe. Avec Le journal d'un curé de campagne, Bresson inaugura notamment un procédé qu'il réutilisera maintes fois : l'écriture du moi, c'est-à-dire la tenue d'un journal intime par son personnage principal. L'ouverture de Pickpocket place immédiatement le spectateur dans cet horizon d'attente : en montrant Michel écrivant son journal, et en accompagnant l'image d'une voix-off, l'intériorité du personnage est renforcée et le spectateur comprend que le récit en ''analepse'' va être mené à la première personne.
L'hommage des Pionniers - Les Avant-gardes des années 20 (Fin)
La Russie en France :
Si la révolution bolchevique a permis au cinéma soviétique d'acquérir une renommée mondiale, elle a aussi suscité une vague d'émigration en particulier vers la France. Parmi ceux qui choisirent l'exil figuraient de nombreux artistes : écrivains, metteurs en scène, acteurs, qui se regroupèrent en février 1920 à Montreuil, rue du sergent Bobillot, près des ateliers de Méliès où, à l'initiative d'Alexandre Kamanka (qui était le fils d'un banquier fortuné) et de Noé Bloch, ils rachetèrent d'anciens studios Pathé-Zecca et créèrent une société de production appelée le ''Film Albatros''. On les appellera les Russes Blancs.
Les interviews de Cinéfil - Denitza Bantcheva
Une plume virevoltante
Son flot de paroles riche et élégant impressionne. Son sourire et son enthousiasme expansif séduisent. Denitza Bantcheva, précoce et prolifique auteur de littérature et de poésie est aussi reconnue dans le milieu du cinéma. Vice-présidente de l'Académie des Lumières, membre du Jury du prix du meilleur livre de cinéma, elle a écrit deux monographies de référence sur Melville et Clément.
C'était pour présenter le film de ce dernier, « Quelle joie de vivre » dont elle a signé l'adaptation des sous-titres dans sa version restaurée, qu'elle était invitée le 8 avril dernier par la Cinémathèque et l'Association Henri Langlois. Rencontre avec un sacré personnage.
Cinéma et Littérature : liaisons heureuses ? (Première partie)
Autant le dire sans précaution : la littérature n'a que faire de ce que le cinéma peut faire à partir d'elle. Dit autrement : la question de l'adaptation est une question cinématographique et non un problème littéraire. Pourtant, parler de l'adaptation cinématographique c'est souvent juger le cinéma à partir de la littérature, dans la volonté de le rendre fidèle. Mais si le cinéma entretient une liaison heureuse avec la littérature, c'est au prix de son inconstance ! En effet, autour de cette liaison se joue le désir de reconnaissance du cinéma comme art majeur et pour la littérature le désir de conserver le monopole sur l'art du récit. Car le cinéma comme la littérature sont deux arts du récit et on peut faire l'hypothèse qu'aujourd'hui un pan de la production littéraire lorgne vers le cinéma afin de garantir et amplifier son succès quand, d'un autre côté, la « grande littérature » tire son prestige de son inadaptabilité. Comment Flaubert, Joyce ou Kafka pourraient-ils se « réduire » (c'est le mot le plus souvent employé) au cinéma ? Et pourtant chacun ont inspiré des films de Jean Renoir, John Huston ou Orson Welles, que l'on reconnaîtra comme de grands cinéastes !
A propos de Jacques Becker
La Cinémathèque de Tours, avant de rentrer dans les réjouissances des commémorations des 50 ans des Studio, a eu la bonne idée de passer deux films moins connus de Jacques Becker. L'on connaît tous effectivement Jacques Becker pour être le réalisateur de Casque d'Or (1952) qui a donné l'un de ses plus beaux rôles à Simone Signoret ; ou encore de Touchez pas au grisbi (1954), film noir à la française qui relança notamment la carrière de Jean Gabin à partir de la deuxième moitié des années 50 ; mais Falbalas (1944) et Le Trou (1959) font partie des réalisations moins connues de ce grand cinéaste. C'est la place particulière de ces films dans la carrière de Jacques Becker, dont nous aimerions dire quelques mots ici.
Les interviews de Cinéfil - Tarik Roukba
Le visage de la bibliothèque des Studio
La Bibliothèque des Studio, vous la connaissez au moins de vue depuis 2007, année d'ouverture dans son lieu actuel donnant sur la rue des Ursulines, voire depuis 15 ans lorsqu'elle était nichée à l'étage du cinéma. Mais avez-vous déjà eu la curiosité de pousser sa porte ? Si ce n'est fait, précipitez-vous-y... Car c'est une véritable découverte, riche de surprises, notamment au sous-sol qui recèle des fonds documentaires précieux et insoupçonnés.